Comptes rendus
Projections
Depuis 1996, Jenny Holzer propose des séries de projections lumineuses sur les façades de bâtiments importants de grandes villes. Ce projet est passé par Florences, San Diego, Londres, Washington ou New York, pour ne citer que quelques villes des 37 que comptabilise ce projet. Les dernières projections datent de 2007 et eurent lieu à North Adams. Chaque projection a lieu pour un nombre de soir limité et se compose généralement de poèmes. Mais en 2005, lorsque Jenny Holzer est contactée pour commémorer le 11 septembre 2001, elle décide d’intégrer à son projet d’autres formes de textes.
Bio-ready
Bio-ready est une œuvre anonyme qui fonctionne comme un diaporama de pages web animées. Ces animations sont ponctuées de textes tirés de l’œuvre de Jean Baudrillard sur l’impact du terrorisme dans une société surprotégée. Ils textes mettent des idées de sécurité, d’infection et de contagion. Les textes et les images réfléchissent également aux rapports entre l’individu, la société et un traumatisme partagé. Ainsi l’ensemble donne à penser au lien entre les défenses corporelles et les défenses sociales, mais aussi à la place de l’individu au sein d’une société qui se sent en danger. Cette pensée générale est notamment donnée à voir par Bio-ready à travers la vague de terrorisme chimique qui a suivi les événements du 11 septembre aux États-Unis.
Landscape
Le procédé de Landscape est très simple. Sur une page web de fond blanc défilent les unes de journaux régionaux français du 11 septembre 2001. Ce défilement se fait sur une bande sonore de gazouillements d’oiseaux. Au-dessus des coupures de presse, trois cercles violets permettent de régler le niveau sonore de l’œuvre. L’ordre de défilement des unes des journaux est toujours le même et sans cesse répété. L’œuvre joue sur deux types de décalages: le premier s’articule sur le hiatus entre l’aspect sonore et l’aspect visuel. Le second se situe au niveau de l’échelle du point de vue : un événement localisé (New York City) a une ampleur internationale et va toucher jusqu’au plus profond des régions françaises.
1.1.0.9. cause & effect
1.1.0.9. cause & effect est une œuvre web muette proposant un montage d’images qui articule une pensée critique sur les attentats du 11 septembre, plus exactement sur les causes et les conséquences de ces attentats. L’œuvre propose des parcours par images entre deux mots : cause et effet. Il faut passer le curseur sur les petits rectangles en attente pour que les images apparaissent et se mettent à bouger. Le mouvement des images est court, saccadé et répétitif, il ne dure qu’une seconde. Chaque image est reliée à une autre par une flèche. Une fois qu’on a passé le curseur sur toutes les images elles restent visibles mais sans mouvement, il faut repasser le curseur sur chacune des images pour les voir bouger. Chaque image est une très courte séquence tirée de journaux télévisés (sur le 11 septembre, sur les bombardements en Afghanistan ou en Irak, ou encore sur des discours de George W. Bush ou de Ben Laden).
9.11.01 Scapes
9.11.01 Scapes est une œuvre qui travaille sur trois registres de montages : le montage visuel de photographies de la NASA et de Ground Zéro, le montage texte/images entre les collages photographiques de Jo-Anne Green et les notes d’Helen Thorington et, enfin, le montage sonore réalisé également par Helen Thorington. L’ensemble constitue un montage complet et complexe de visions, d’impressions et de réflexions autour de la journée du 11 septembre 2001. Les auteures parlent ici de séries : séries de visions, de sons et d’impressions combinés en trois pans sérigraphiques, l’un visuel, l’un écrit et le troisième sonore.La force de ce montage général, c’est que chacune des trois strates proposées repose elle aussi sur une multitude de couches qui nécessitent un montage. Les images de la NASA sont découpées, fragmentées, recollées, peintes ou encore fondues dans une autre image numérique, de Ground Zéro par exemple. Les notes recouvrent des actions, des citations et des données géographiques qui nourrissent l’expression des impressions d’Helen Thorington sur sa journée du 11 septembre 2001.
Chers djihadistes...
Ce pamphet de Philippe Muray, rédigé le 4 décembre 2001, s'inscrit dans la poursuite directe de son travail essayistique au sujet de la vie de ses contemporains, entamé en 1991 avec L'empire du bien, court texte qui dénonce avec humour la liquidation de la négativité dans la société de son époque. Le 11 septembre 2001 a été selon Muray, comme il le raconte aux Djihadistes, destinataires officiels du texte, un moment où les Occidentaux virent perturbée leur fête perpétuelle. Alors que la musique dominait tout ce qui restait de l'espace public en Occident - s'il existait encore un espace public, rien n'est moins certain selon Muray -, les Djihadistes ont provoqué un véritable événement, imprévisible et potentiellement bouleversant, qui a troublé le monde au point de provoquer un temps d'arrêt. Le silence généré par l'événement ne fut pas honoré par les Occidentaux qui, au lieu de profiter de l'intrusion d'un autre dans la société hyperfestive homogène et de se rendre compte de la vie dégradée au sein de laquelle ils évoluaient, ont désiré revenir coûte que coûte à leur aliénation, à cette vie qu'ils connaissent depuis si longtemps et dans laquelle l'humain est aboli.
Bok! : The 9.11 Crisis in Political Cartoons
Bok! The 9.11 Crisis in Political Cartoons est un recueil des caricatures de Chip Bok, prolifique et éminent caricaturiste américain reconnu pour sa verve, son humour politique acerbe, son trait court et fouillé, ainsi que sa capacité à disséquer rapidement les événements d’actualité afin d’en dénoncer les invraisemblances. Les caricatures compilées dans ce recueil couvrent une période allant du 12 septembre 2001 jusqu’au 23 mai 2002, et sont accompagnées de paragraphes explicatifs de Bok, qui servent soit à rappeler le contexte des caricatures lorsque celles-ci ont trait à des événements d’actualité bien précis, soit à fournir des explications sur les intentions derrière la caricature. L’évolution de la position de Bok par rapport aux événements du 11 septembre et à ses conséquences politiques à mesure que le temps passe est manifeste dans la succession des caricatures.
Mon père a tué la Terre
Jimi, un jeune garçon qui vit à dans la campagne québécoise, contemporaine et rurale, quitte progressivement le monde de ses idéalisations enfantines : peur panique des dindes volantes, hommage ému à Julie son amie la truie, trocs avec son père pour qu’il dissimule ses achats de barres chocolatés en échange du silence de Jimi sur les achats de bière de son père...
À l’heure de la mondialisation et de l’ère numérique, Jimi prend conscience, par à-coups plus ou moins cocasses, du monde adulte qui l’entoure : son père, qu’il prenait pour un extraterrestre reclus dans son bureau cave et qu’il découvre comme auteur de livres de science-fiction, en proie à un désespoir cynique chronique, le couple parental idéalisé qui vole en éclats, et qui fait entrer de nouveaux conjoints dans la vie des parents et, donc, dans celle du jeune garçon.
En bref, Jimi fait la découverte de l’agonie de l’avenir !
Compter jusqu’à cent
New York : une cafétéria comme les autres. Deux filles : un papillon s’envole du sac de l’une d’entre elles et elle se rencontrent. Une rencontre ? Non ! Une rencontre imaginaire… Anaïs marche, elle parcourt la distance entre la station centrale de Montréal et une cafétéria à New York. Elle y est, depuis dix ans, depuis toujours, depuis que c’est arrivé. Elle a 19 ans.La protagoniste, une jeune femme qui passe du « je » de la narratrice au personnage incarné du récit, Anaïs, erre dans un espace atemporel. C’est un va-et-vient entre le « je » et les autres, et entre Montréal et New York. Ou plutôt Nous York, comme dans son souvenir d’enfance, quand elle avait sa maman et son papa. Le récit se poursuit ainsi, fusion de la réalité et du monde imaginaire de la narratrice. Les attentats du 11 septembre 2001 interviennent, comme pour interrompre, terminer et modifier l’histoire du personnage. Le 11 septembre 2001 surgit comme une nouvelle naissance, une blessure, un cri, hors champs et sans langue. Aucune langue maternelle, ni le français ni l’anglais, ne peut exprimer cette douleur.
Partouz
Dans Partouz, les attentats du 11 septembre 2001, à New York, sont mis en relation avec la frénésie que l’on rencontre, à la même époque, dans les clubs échangistes parisiens. Tout au long du roman, les pulsions qui ont mené les martyrs suicidés à s’investir dans les attentats sont juxtaposées aux pulsions sexuelles, au désir de jouissance débordant des échangistes et à leurs pratiques frénétiques les conduisant jusqu’à la syncope. Comparant son propre parcours à celui de génies marquants de la civilisation occidentale comme René Descartes, Georges Bataille, Marcel Proust, André Breton, James Joyce, etc., Yann Moix croit découvrir la correspondance entre ce qui a causé la mort de ces illustres écrivains et la logique de l’attentat suicide commis par Mohhamed Atta, un des terroristes présumés des attentats du 11 septembre 2001: leurs grandes amours déçues.
A Moment of Silence
A Moment of Silence est un ouvrage collaboratif contenant plusieurs récits réalisés par des artistes travaillant pour la maison d'édition Marvel Comics. La contrainte que devait respecter chacun des scénaristes participant au projet était de proposer un récit muet, soit un récit où aucun son ne pouvait être reproduit au moyen de texte (du texte figure dans chacun des récits mais il se trouve sur des façades de magasins, des écrans de téléviseur, des cadrans, etc.). La narration est donc assumée entièrement par les images dans chacun de ces récits (à l'exception de Moment of Silence : A True Story, de Michael Bendis et Scott Morse, où un pompier de Cleveland introduit et conclut un récit de secourisme mené à Ground Zero, et dans lequel un secouriste crie "QUIET!").
Shooting War
Shooting war est le récit de Jimmy Burns, un vidéo-blogueur de gauche qui capte par inadvertance les images d'un attentat kamikaze perpétré en plein cœur de New York. La séquence vidéo est récupérée par la station de télévision Global News, spécialisée dans la diffusion de reportages chocs et du sensationnalisme sanglant. Par un concours de circonstance improbable, Burns devient un employé de Global News et sa première affectation sur le terrain est la couverture de la guerre en Irak, où il deviendra malgré lui le porte-parole d'une organisation terroriste appelée "Hand of God". Il sera témoin du massacre de civils par des soldats américains, découvrira que les militaires ont mis au point des machines de guerre robotisées et, en cours de route, se posera des questions importantes d'éthique journalistique.
New Byzance, Tome 1 : Ruines
Dans ce récit de science-fiction se déroulant dans un monde parallèle au nôtre, les événements du 11 septembre ont balayé le capitalisme à la grandeur de la planète, et une nouvelle "police de la pensée" permet de recenser dans la population toute pensée déviante susceptible de menacer l'ordre établi. Un architecte ambitieux met en branle un plan pour prendre le contrôle d'une société asservie, tandis qu'un "prescient" (individu capable de prévoir le futur dont le talent est à la base des opérations de la police de la pensée) doit mener sa propre enquête afin de déjouer un complot ourdi à son endroit.
Amrikanli, un automne à San Francisco
À l'automne 1998, un professeur en histoire comparée de l'Université du Caire déambule à travers les rues de San Francisco. Invité à venir enseigner pour un semestre par un collègue ayant quitté l'Égypte, son immersion dans la société américaine ne se fait pas sans difficulté. À travers ses yeux d'étrangers, le lecteur est plongé dans un sentiment d'étrangeté familière : il entre « pour la première fois » en contact avec un paysage quotidien, celui de l'Amérique et de ses paradoxes. Au moment où le scandale Clinton/Lewinski inonde l'espace médiatique, il tente de trouver ses repères, en acceptant néanmoins toutes les expériences en bloc, comme l'essai peu concluant d'un «peep-show» à 50¢ ou la lecture de la chronique « Sexualité » du journal local où un jeune homme raconte ses déboires dans l'exploration de son homosexualité. Son regard est celui d'un observateur froid, impassible et détaché.
The Revolution Took Place in New York
Sur un fond noir deux phrases, l’une en français, l’autre en anglais, indiquent : « La première scène se déroule très vite. On sent qu’elle a déjà été répétée plusieurs fois ». Lorsque l’on clique sur l’une ou l’autre phrase le défilé commence, jamais dans le même ordre et sans jamais proposer les mêmes fragments. Un cadre noir entoure des images, des sons et des mots qui se superposent, s’effacent, se coupent. Les sons d’abord : des bruits, des textes lus qui s’effacent et reviennent, de la musique. Les images : des photos, des vidéos. Des photos dans des photos, des vidéos dans des photos. Des images à peine aperçues, d’autres qui reviennent sans cesse comme le leitmotiv d’une portion de l’œuvre. Les textes enfin: des mots colorés qui apparaissent et disparaissent, des mots gris/blancs présents dans un coin sur plusieurs images qui semblent voyager à l’intérieur du cadre, flottant d’une image à l’autre.
The 9/11 Report: A Graphic Adaptation
The 9/11 Report: A Graphic Adaptation est, comme son nom l’indique, une adaptation sous forme de roman graphique du Final Report of the National Commission on Terrorist Attacks Upon the United States, rapport indépendant qui avait été commandé par le Congrès américain et le président George W. Bush en novembre 2002 afin d’examiner les causes des attentats du 11 septembre sous toutes leurs coutures et de produire une série de recommandations afin que de telles tragédies soient évitées à l'avenir. Considérablement écourté dans sa version BD, le
9/11 Report original de 568 pages est repris dans ses grandes lignes dans un roman graphique de 134 pages. Les auteurs se sont permis une certaine liberté artistique dans la reconstitution de certains dialogues mais on tenté de reproduire fidèlement le rapport original afin d’en proposer une version intelligible pour le lecteur intéressé d’en savoir plus sur cette enquête gouvernementale, sans pour autant avoir à effectuer une lecture fastidieuse.
Heroes. The World's Greatest Super Hero Creators Honor The World's Greatest Heroes 9-11-2001
Heroes; The World's Greatest Super Hero Creators Honor The World's Greatest Heroes 9-11-2001 est un recueil d'illustrations publié par Marvel Comics en décembre 2001 et dont la vente a permis d'amasser des fonds pour le Twin Tower Fund. Le travail de plus de 80 artistes, illustrateurs et écrivains est mis en valeur dans cette publication du géant américain du comic-book de super-héros. Présentant souvent des super-héros issus de la famille Marvel, comme Captain America, Spider-Man, The Incredible Hulk, Wolverine et plusieurs autres, Heroes met en valeur le courage et l'esprit de sacrifice des membres des forces de police et des pompiers new-yorkais qui ont péri lors des attentats du 11 septembre 2001.
Pourquoi faire une maison avec ses morts
Pourquoi faire une maison avec ses morts est constitué de sept histoires où la même narratrice évoque son rapport, et celui des autres, avec la mort et les morts. La narratrice évoque dans le premier et le second récit la fascination qu’elle a pour la mort depuis son plus jeune âge, fascination qui l'a poursuivie durant son enfance et son adolescence. Elle ponctue son récit de détails et d’informations cliniques quant à la décomposition des corps. Elle évoque par ailleurs les liens qu’elle tisse avec des personnes décédées ou sur le point de l’être, et la manière dont elle aide à les faire « passer ».
Dans le troisième récit elle s’intéresse davantage à la mort des animaux et fait notamment allusion à la mort de sa perruche. Malgré sa manière de rationaliser et de chercher à comprendre pourquoi et comment meurent les animaux, la perte de l’animal se révèle difficile à surmonter, d’autant que ce dernier assurait l’équilibre de la famille.
Dans le quatrième récit la narratrice aborde la mort sous l’angle de différentes cultures pour en arriver à la mort de son propre père dont l’esprit lui rend visite de temps à autre.
Tout a changé le 11 septembre
Tout a changé le 11 septembre est un recueil des meilleures caricatures du montréalais Guy Badeaux (qui signe ses caricatures sous le nom de plume de Bado). L’artiste travaille pour le quotidien d’Ottawa Le Droit depuis plusieurs années mais il a également fait des collaborations spéciales avec plusieurs quotidiens américains et français. Les caricatures reproduites dans ce recueil ont été publiées entre 2000 et 2003, et sont divisées en six sections : Le Québec, L’Ontario, Le Canada, Les USA, Le Monde et 11 septembre.
9-11
9-11 est un site web qui repose sur la présentation de mots, aux typographies différentes (majuscules/minuscules, gras, italique, soulignement) qui s’intercalent en blanc sur fond noir entre deux grandes bandes blanches. Ces bandes cadrent les côtés verticaux de l’écran et peuvent schématiser les deux tours qui traverseraient ainsi l’écran. Cette idée est notamment confortée par l’une des trois actions que l’internaute peut effectuer sur le site, nommée « ||towers|| », le mot towers lui-même étant encadré à la verticale de deux petites bandes noires rappelant les deux bandes blanches précédemment décrites.Les trois actions mises à disposition des internautes sont présentées sur des petits rectangles gris au centre bas de l‘écran. Ces rectangles rappellent des zones d’action possible pour l’internaute sur internet. Les trois action sont : « || towers|| », « email this tower » et « add words ». La première action permet de changer l’écran.
The Kite Runner
Avec The Kite Runner, Khaled Hosseini tisse un roman d'initiation puisant sa force dans l'histoire tragique de l'Afghanistan. On y suit les traces d'Amir, émigré aux États-Unis, dont le parcours en boucle le ramène presque malgré lui dans la ville de son enfance. Il devra y affronter les fantômes de son passé, et peut-être parvenir à percer le sens des paroles de son ami Rahim Khan : « There is a way to be good again. »
Inséparables depuis la naissance, Amir et Hassan ont grandi comme des frères. Le père d'Amir les traite en égaux, même si Hassan est le fils d'Ali, le serviteur de la famille. Un fossé pourtant sépare les enfants, qui dans le contexte de l'Afghanistan des années 1970 pourrait aussi bien être un abysse : Hassan est un Hazara, une caste de rang inférieur soumise aux Pashtuns. Hassan est néanmoins habile, fort et courageux, des qualités qu'aimerait bien posséder Amir pour gagner l'estime de son père Baba. L'ombre de la mère morte en couche s'interpose entre les deux et, face à l'admiration sans borne de son fils, Baba ne parvient qu'à manifester un vague mépris.
La capture du sombre
Anne, une éditrice à la retraite, profite de l’invitation de Tatiana Beaujeu Lehmann dans son château en Suisse, pour entreprendre l’écriture d’un roman dans une langue qui n’est pas la sienne. Au gré de ses pensées, Anne nous fait partager ses angoisses, ses envies, ses doutes à travers des rêveries éveillées dans lesquelles nous rencontrons ses personnages : June, Kim, Charles et Laure. Tout d’abord clairement séparé du récit principal, le récit de leurs vies respectives rencontre celui d’Anne pour enfin y prendre une place réelle. C’est alors que les vies de Laure, l’avocate qui prend soin de sa mère, June, passionnée de cinéma qui doit dire adieu à Kim partant pour l’archipel de Svalbard, et Charles, sculpteur sur bois, viennent s’immiscer dans la vie d’Anne qui ne sait plus qui elle est : « Qu’est ce qui me fait croire dans la tête que je suis quelqu’un d’autre qui ne peut pas vraiment me ressembler ou peut-être le contraire […] » (p.78).
110 Stories : New York Writes After September 11
Ulrich Baer est professeur de littérature allemande à l'Université de New York et auteur de plusieurs essais sur la poésie (notamment celle de Rainer Maria Rilke). Devant le flot de publications de tous genres (essais, articles de journaux, textes d'opinion, témoignages, etc.) ayant immédiatement suivi les attentats, Baer n'a pas manqué de constater la quasi-absence des auteurs de fiction. Avec le recueil de textes 110 stories, son but était donc de remplir ce vide. Moins d'un an après la chute des tours, la parution du livre est venue donner une voix aux écrivains de prose et de poésie de la ville de New York. Dans son introduction, Baer écrit que New York est, entre autres choses, une ville d'écrivains dont la somme des langages est à l'image de la ville : polyglotte, métissée, cosmopolite. Comme le titre (un jeu sur la polysémie du mot stories, désignant à la fois une histoire et un étage) l'indique, le recueil offre cent dix histoires en réponse aux cent dix étages des tours disparues.
Le 12 septembre
Le 12 septembre est un recueil de caricatures humoristiques dessinées par Johan De Moor et accompagnées de textes écrits à la main par Jean-Pierre Verheggen. Dans un premier temps, le recueil de caricatures a un sujet commun, soit le 11 septembre et ses conséquences, mais à partir de la page 30, plusieurs thématiques sont abordées, comme le dopage des sportifs professionnels, les désastres écologiques, les progrès de la science et la famine dans le monde.
Vies et mort d'un terroriste américain
Peter Samek, un producteur américain de films à succès, prend conscience de la vacuité de son œuvre et fait appel à un écrivain français, Alexis Mital, afin de scénariser son prochain film : God Save America. Celui-ci accepte, bien qu’il considère le cinéma comme la malédiction de la littérature, et décide de retracer la vie d’Eugène Green, un Américain mythomane qui quitte son pays par dégoût et devient terroriste.
Eugène réinvente perpétuellement une enfance d’orphelin, passée à rejeter les valeurs morales de l’Amérique. Son loisir principal est de réaliser des collages le présentant souriant dans des décors de catastrophes (tremblements de terre, incendies, exécutions ou encore Wall Street lors de la dépression de 1929). Il quitte son pays à dix-sept ans et s’installe à Paris pendant plus de quinze ans, années au cours desquelles il s’intègre à l’élite intellectuelle et clame son goût de la haine et de la destruction, prophétisant, parfois a posteriori, des drames tels que le 11 septembre ou l’inondation du Danube en 2006.