Peter Samek, un producteur américain de films à succès, prend conscience de la vacuité de son œuvre et fait appel à un écrivain français, Alexis Mital, afin de scénariser son prochain film : God Save America. Celui-ci accepte, bien qu’il considère le cinéma comme la malédiction de la littérature, et décide de retracer la vie d’Eugène Green, un Américain mythomane qui quitte son pays par dégoût et devient terroriste.
Eugène réinvente perpétuellement une enfance d’orphelin, passée à rejeter les valeurs morales de l’Amérique. Son loisir principal est de réaliser des collages le présentant souriant dans des décors de catastrophes (tremblements de terre, incendies, exécutions ou encore Wall Street lors de la dépression de 1929). Il quitte son pays à dix-sept ans et s’installe à Paris pendant plus de quinze ans, années au cours desquelles il s’intègre à l’élite intellectuelle et clame son goût de la haine et de la destruction, prophétisant, parfois a posteriori, des drames tels que le 11 septembre ou l’inondation du Danube en 2006.
Devenu une figure mythifiée, il fuit Paris entouré de disciples pour continuer ses prophéties dans la clandestinité, puis meurt sur la scène d’un théâtre viennois, dans son propre rôle, dans La mort du Prince Eugène, qui n’est autre que l’adaptation théâtrale du film de Samek.
Alexis, dépassé par la complexité de son projet, abandonne le scénario en cours d’écriture ; le film est toutefois terminé, et lors de son avant-première au Carnegie Hall, une prise d’otages a lieu, scénarisée par Samek lui-même puisqu’elle est annoncée à la radio dans le film. Il n’y a alors plus de frontière entre fiction et réalité.