24 août 2008

Vies et mort d'un terroriste américain

Par Julie Bramond
Présentation de l'œuvre
Ressource bibliographique: 
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Peter Samek, un producteur américain de films à succès, prend conscience de la vacuité de son œuvre et fait appel à un écrivain français, Alexis Mital, afin de scénariser son prochain film : God Save America. Celui-ci accepte, bien qu’il considère le cinéma comme la malédiction de la littérature, et décide de retracer la vie d’Eugène Green, un Américain mythomane qui quitte son pays par dégoût et devient terroriste.

Eugène réinvente perpétuellement une enfance d’orphelin, passée à rejeter les valeurs morales de l’Amérique. Son loisir principal est de réaliser des collages le présentant souriant dans des décors de catastrophes (tremblements de terre, incendies, exécutions ou encore Wall Street lors de la dépression de 1929). Il quitte son pays à dix-sept ans et s’installe à Paris pendant plus de quinze ans, années au cours desquelles il s’intègre à l’élite intellectuelle et clame son goût de la haine et de la destruction, prophétisant, parfois a posteriori, des drames tels que le 11 septembre ou l’inondation du Danube en 2006.

Devenu une figure mythifiée, il fuit Paris entouré de disciples pour continuer ses prophéties dans la clandestinité, puis meurt sur la scène d’un théâtre viennois, dans son propre rôle, dans La mort du Prince Eugène, qui n’est autre que l’adaptation théâtrale du film de Samek.

Alexis, dépassé par la complexité de son projet, abandonne le scénario en cours d’écriture ; le film est toutefois terminé, et lors de son avant-première au Carnegie Hall, une prise d’otages a lieu, scénarisée par Samek lui-même puisqu’elle est annoncée à la radio dans le film. Il n’y a alors plus de frontière entre fiction et réalité.

Précision sur la forme adoptée ou le genre: 

Roman

Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 

Le narrateur du roman est le scénariste du film, Alexis Mital. La narration est très fragmentaire : on peut décomposer la trame narrative en plusieurs scènes principales, la narration passe de l’une à l’autre au cours d’un même chapitre, parfois entrecoupée par des monologues de personnages (d’Eugène Green notamment), ou par des extraits de correspondances entre Peter Samek et Alexis Mital.

Le roman accorde une grande place aux médias : son sujet est l’écriture d’un film, ainsi que de son adaptation théâtrale, et donne lieu à des réflexions sur le rapport entre la littérature, le cinéma et les nouveaux médias (jeux vidéo et environnements virtuels).

Enfin, on observe un jeu important sur la temporalité puisque le temps du film coïncide et interagit avec les événements se déroulant lors de sa projection : lorsque des balles sont tirées sur l’écran, les personnages du film en sont affectés. Par ailleurs, les personnages du film apprennent à la radio la prise d’otage qui a lieu dans la salle où le film lui-même est projeté.