25 août 2008

110 Stories : New York Writes After September 11

Par Jean-François L...
Présentation de l'œuvre
110storiesbook1.jpg

Ulrich Baer est professeur de littérature allemande à l'Université de New York et auteur de plusieurs essais sur la poésie (notamment celle de Rainer Maria Rilke). Devant le flot de publications de tous genres (essais, articles de journaux, textes d'opinion, témoignages, etc.) ayant immédiatement suivi les attentats, Baer n'a pas manqué de constater la quasi-absence des auteurs de fiction. Avec le recueil de textes 110 stories, son but était donc de remplir ce vide. Moins d'un an après la chute des tours, la parution du livre est venue donner une voix aux écrivains de prose et de poésie de la ville de New York. Dans son introduction, Baer écrit que New York est, entre autres choses, une ville d'écrivains dont la somme des langages est à l'image de la ville : polyglotte, métissée, cosmopolite. Comme le titre (un jeu sur la polysémie du mot stories, désignant à la fois une histoire et un étage) l'indique, le recueil offre cent dix histoires en réponse aux cent dix étages des tours disparues. Si la consigne était simple (fournir un texte d'environ deux pages, inspiré du 11 septembre), il semble que la tâche n'ait pas été si facile : « All of the authors were given broad licence to fill two pages. In the months of soliciting contributions, I spent a good deal of time convincing authors who had difficulties writing in the wake of September 11 to search for a story, to begin to write again, to stop replaying in their heads the dead-end scenarios in and on the air. In order to write, one must feel deeply, and many tried to keep any hint of emotional or experimental intensity at bay. » (page 8) Derrière chacune des cent dix « histoires » se cache une autre histoire : celle de la genèse du texte, du retour de l'écrivain à la parole énonciatrice. Le retour à la « normalité » pour l'écrivain ne se superpose-t-il pas à celui de la communauté dont il constitue en quelque sorte la voix? L'impulsion de raconter devient salutaire en permettant de reprendre une poigne sur le réel. C'est ce qu'exprime Baer lorsqu'il explique les objectifs de sa démarche : « The stories address the need for narrative in the wake of a disaster. In a recent essay, Don DeLillo identifies the task at hand : ''to give memory, tenderness, and meaning to all that howling space'' caused by the towers' collapse. [...] Their stories explore the possibilities of language in the face of gaping loss, and register that words might be all that's left for the task of finding meaning in – and beyond – the silent, howling void.» Le lecteur ne trouvera donc pas dans le recueil 110 stories une réponse aux innombrables questions que ne manque pas de soulever un événement d'une telle ampleur, mais plutôt les signes d'une possible guérison visible dans les traces que laisse le retour d'une collectivité à la parole.

 

Précision sur la forme adoptée ou le genre: 

Recueil de textes (poèmes, nouvelles, extraits de journaux, essais, etc.)

Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 

Le recueil colligeant cent dix textes d'auteurs différents, il présente un large éventail de genres et de formes, allant de la poésie au témoignage personnel, de l'essai politique à l'intrigue policière.