Sur un fond noir deux phrases, l’une en français, l’autre en anglais, indiquent : « La première scène se déroule très vite. On sent qu’elle a déjà été répétée plusieurs fois ». Lorsque l’on clique sur l’une ou l’autre phrase le défilé commence, jamais dans le même ordre et sans jamais proposer les mêmes fragments. Un cadre noir entoure des images, des sons et des mots qui se superposent, s’effacent, se coupent. Les sons d’abord : des bruits, des textes lus qui s’effacent et reviennent, de la musique. Les images : des photos, des vidéos. Des photos dans des photos, des vidéos dans des photos. Des images à peine aperçues, d’autres qui reviennent sans cesse comme le leitmotiv d’une portion de l’œuvre. Les textes enfin: des mots colorés qui apparaissent et disparaissent, des mots gris/blancs présents dans un coin sur plusieurs images qui semblent voyager à l’intérieur du cadre, flottant d’une image à l’autre.
The Revolution Took Place in New York est une oeuvre qui repose sur le flux constant d’images et de textes sur le réseau. À partir du principe de « roman infini » proposé par Robbe-Grillet avec l’écriture automatique et le nouveau roman, l’œuvre de Gregory Chatonsky, faisant directement référence à l’ouvrage de Robbe-Grillet Projet pour une révolution à New York, sorti en 1970, cherche à penser le flux même qui nourrit l’imaginaire des sociétés contemporaines dites « hyper-industrialisées ». The Revolution Took Place in New York se compose donc d’images, de textes et de sons en perpétuelle succession. Ces fragments proviennent de différentes sources : vidéo de Ground Zero, réseau, ou Google image. Chacun de ces fragments apparaît de façon aléatoire mais c’est chacune de ces apparitions qui tisse un lien avec les autres fragments. L’œuvre impose ainsi le principe du montage permanent. La lecture, le temps de narration, la fictionnalisation de cet ensemble ne peuvent se réaliser qu’à l’instant même de la réception.