17 septembre 2008

Amrikanli, un automne à San Francisco

Par Jean-François L...
Présentation de l'œuvre
Ressource bibliographique: 
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À l'automne 1998, un professeur en histoire comparée de l'Université du Caire déambule à travers les rues de San Francisco. Invité à venir enseigner pour un semestre par un collègue ayant quitté l'Égypte, son immersion dans la société américaine ne se fait pas sans difficulté. À travers ses yeux d'étrangers, le lecteur est plongé dans un sentiment d'étrangeté familière : il entre « pour la première fois » en contact avec un paysage quotidien, celui de l'Amérique et de ses paradoxes. Au moment où le scandale Clinton/Lewinski inonde l'espace médiatique, il tente de trouver ses repères, en acceptant néanmoins toutes les expériences en bloc, comme l'essai peu concluant d'un «peep-show» à 50¢ ou la lecture de la chronique « Sexualité » du journal local où un jeune homme raconte ses déboires dans l'exploration de son homosexualité. Son regard est celui d'un observateur froid, impassible et détaché. Ce n'est que par le choix de l'auteur des représentations (l'omniprésence des jeunes sans-abris, la peur engendrée par une violence supposée mais ne se manifestant jamais, la vision d'un Berkeley transformé en l'exact contraire des idéaux que prônaient la contre-culture des années 60, etc.) qu'une certaine critique sociale des États-Unis perce.

À travers le sujet de son cours, une autobiographie servant à illustrer le parcours l'ayant mené à explorer, envers et contre tous, le champ de l'histoire comparée, le professeur procède à une autre critique sociale, moins subtile, des institutions égyptiennes passées et présentes. Par le fait même, il fait porter son propos sur la situation du monde arabe dans sa totalité; il donne un aperçu de son pluralisme, des dissensions, des lignes de tension, des avenues futures, mais surtout, de son interconnexion avec les politiques et les structures sociales de l'Occident d'hier et d'aujourd'hui.
Ainsi, à travers les pérégrinations introspectives de son narrateur, Sonallah Ibrahim peint le paysage d'une Amérique froide et désincarnée, en lui opposant la vision d'une Égypte nécrosée, d'un panarabisme à définir et d'un impérialisme occidental pernicieux.

Précision sur la forme adoptée ou le genre: 

Roman

Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 

Narrateur intradiégétique, temporalité linéaire, présence de quelques analepses (en italique dans le texte).