Écrivant la plupart du temps des nouvelles de science-fiction, dont des extraits sont enchâssés dans Mon père a tué la terre, l’auteur J. P. April utilise cette fois-ci un événement évoquant aisément les codes fantastiques d’un récit de science-fiction, les attentats du 11 septembre 2001 à New York, pour basculer dans l’autofiction. Un regard sur le monde contemporain où se retrouve, dans les yeux de son fils en pleine mutation, le pessimisme cynique de l’auteur d’anticipation, à l’aune des effets pervers de la cyber-société postmoderne. Le récit s’ouvre sur les attentats, mis en parallèle avec une banale douleur enfantine, mais source d’inquiétude maternelle comparable à la fibre pleine de gravité de la mère veillant sur le berceau. Ainsi, également, de la rencontre avec la dinde volante, Urubus, qui nous invite au dépassement des phobies infantiles isolées par Freud.
Les attentats du 11 septembre 2001 sont traités comme un événement inévitable, dans un monde de science-fiction qui s’est confondue avec la réalité. Le personnage principal, Jimi, représente ce flou du monde, vu d’en bas, dans la perspective de grenouille d’un enfant en pleine construction de son monde. C’est comme si regarder les événements du point de vue de l’enfant pouvait amoindrir leur gravité, laissant de l’espace pour construire et reconstruire. C’est peut-être, pour l’auteur, la manière de caractériser son optimisme pour l’humanité : tuer la Terre, oui, mais juste pour mieux la sauver ! L’auteur utilise les attentats du 11 septembre 2001 pour exercer la déconstruction nécessaire, qui lui permet finalement de donner un visage à ce qui relève de l’impossible à supporter : la mort et la guerre, comme dans le jeu vidéo préféré de Jimi, The End of All the Worlds.