Tout commence par un mot, filiation, et un échange étonnant s'ouvre entre deux femmes. Toutes deux professeures de littérature, elles ne partagent au début qu'une vague connaissance l'une de l'autre, l'amorce d'une amitié qui aurait pu en rester là. Mais voilà, pour l'une, il était un besoin puissant de trouver une interlocutrice, quelqu'un à qui adresser des mots qui ne parviennent à sortir que s'ils ont un destinataire. Pour l'autre, c'est un avortement qui déclenche cette quasi nécessité de s'épancher, de dire la maternité, le rendez-vous manqué de la grossesse interrompue, la trouble relation mère-fille.
Rapidement dans leur échange, le mot d'ordre est de tout dire, de se mettre l'âme à nu. Ce qui s'avérera peut-être impossible, puisque même lorsqu'on désire ne rien cacher, il doit toujours rester une part de non-dit, un ultime aveu qui se révèlerait finalement n'être, éternellement, que l'avant-dernier. Il leur faudrait parvenir, à l'instar d'Hervé Guibert qui leur sert de modèle, à fouiller sous la peau pour enfin parvenir au fond des choses :