21 novembre 2008

Chers djihadistes...

Par Amélie Paquet
Présentation de l'œuvre
Ressource bibliographique: 
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Ce pamphet de Philippe Muray, rédigé le 4 décembre 2001, s'inscrit dans la poursuite directe de son travail essayistique au sujet de la vie de ses contemporains, entamé en 1991 avec L'empire du bien, court texte qui dénonce avec humour la liquidation de la négativité dans la société de son époque. Le 11 septembre 2001 a été selon Muray, comme il le raconte aux Djihadistes, destinataires officiels du texte, un moment où les Occidentaux virent perturbée leur fête perpétuelle. Alors que la musique dominait tout ce qui restait de l'espace public en Occident - s'il existait encore un espace public, rien n'est moins certain selon Muray -, les Djihadistes ont provoqué un véritable événement, imprévisible et potentiellement bouleversant, qui a troublé le monde au point de provoquer un temps d'arrêt. Le silence généré par l'événement ne fut pas honoré par les Occidentaux qui, au lieu de profiter de l'intrusion d'un autre dans la société hyperfestive homogène et de se rendre compte de la vie dégradée au sein de laquelle ils évoluaient, ont désiré revenir coûte que coûte à leur aliénation, à cette vie qu'ils connaissent depuis si longtemps et dans laquelle l'humain est aboli. Muray raconte en détail les débats virulents qui emplirent la presse américaine au sujet de la fête morbide de l'Halloween. Les Américains se demandaient s'ils pouvaient fêter l'Halloween quelques semaines après les attaques. Il fut convenu qu'il fallait fêter l'Halloween, peu importe ce qui s'était passé dans le pays. Certaines autorités scolaires recommandèrent quand même aux enfants de porter des « costumes positifs ». Dans le même esprit, il fut fortement suggéré de ne plus prononcer le « Trick or Treat ». Muray décrit aussi la vengeance de l'Amérique: cet Autre absolu de l'Occident, les Djihadistes qui osent interdire la musique dans l'espace public, peut subir sans remords les plus violentes attaques des Américains qui bombarderont l'Afghanistan pendant que les jeunes enfants gais de l'Occident parcourront les rues, en revêtant leurs costumes positifs, pour aller chercher de maison en maison des bonbons. Après l'événement, la fête recommence! Les Occidentaux, laisse entendre Muray, sont prêts à tout pour défendre leur aliénation.

Précision sur la forme adoptée ou le genre: 

Pamphlet sous la forme d'une missive destinée aux Djihadistes responsables des attentats du 11 septembre 2001 sur le World Trade Center. Phlippe Muray s'adresse à eux aux noms des Occidentaux.

Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 

L'adresse chaleureuse aux Djihadistes est une mise en scène. Tout le pamphlet est en réalité destiné aux Occidentaux.