Comptes rendus
Zero Dark Thirty
Le long métrage intitulé «Zero Dark Thirty» porte sur les événements qui ont mené la CIA à retrouver et éliminer Oussama ben Laden. À travers le personnage fictif de Maya, une jeune enquêteuse qui coordonne une équipe au sein de la CIA, des événements historiques ayant marqué la guerre au terrorisme de 2003 à 2011 sont représentés depuis l'intérieur de l'agence gouvernementale. Les interrogatoires constituent plusieurs des scènes marquantes, notamment par leur violence explicite et les enjeux éthiques qui sont soulevés par des pratiques telles que la noyade simulée. Mal à l'aise devant de telles techniques qui lui sont dévoilées par son collègue Dan, Maya en vient rapidement à comprendre que tout doit être envisagé pour remonter jusqu'à ben Laden. C'est en torturant et piégeant le détenu Ammar, le neveu de Khalid Cheikh Mohammed, un haut placé au sein d’Al-Qaïda, que Maya obtient le nom d'un terroriste important : Abu Ahmed al-Kuwati. Mais les recherches de Maya sont difficiles, les informations trop peu nombreuses et son patron, Joseph Bradley, lui fait savoir qu'elle est devant une impasse en suivant cette piste.
Le 11 septembre des poètes du Québec
Le 11 septembre des poètes du Québec rassemble les textes de 122 poètes. Recueillis seulement quelques mois après les attentats de 2001 sous la direction de Louis Royer, les poèmes font acte de mémoire. De manière globale, la poésie qu'on y retrouve aborde explicitement les faits et l'imaginaire du 11 septembre: la représentation des symboles forts (World Trade Center, avions kamikases, les jumpers, etc.) constitue l'angle d'approche privilégié. D'autres auteurs traitent du nouvel ordre politique qui s'installe dans l'année qui suit. Autour de ces questions: l'or noir, les guerres et les différentes formes de terrorismes apparaissent comme des préoccupations récurentes. En somme, c'est un recueil essentiel et incontournable pour quiconque désire s'ouvrir à la parole poétique des Québécoises et Québécois au lendemain du 11 septembre 2001.
Terrorist
Ahmad fréquente une polyvalente américaine au New Jersey. C'est sa dernière année du secondaire. Il est intelligent, mais ne s'applique plus dans ses travaux. Il est convoqué en entretien avec le conseiller pédagogique, Jack Levy, pour faire le point sur son avenir. Ahmad considère que l'université, comme c'est déjà le cas au secondaire, nuira à son éducation. Les professeurs sont impurs et leurs idées, corrompues. Il préfère devenir camionneur. Sa vie se centre de plus en plus sur la religion musulmane. Son imam, Shaik Rashid, lui apprend l'arabe. Il lui propose du travail en tant que camionneur dans une petite entreprise de meubles que gèrent ses amis libanais. Ahmad accepte. Il fait la connaissance de Charlie, un employé typiquement américain. Lorsqu'il livre un meuble chez une famille Shia, Ahmad se rend compte que le pouf en question est rempli d'argent. Ahmad comprend alors qu'il participe à un réseau djihadiste. On lui parle du coup qui se prépare en vue de souligner l'anniversaire des attentats terroristes sur le World Trade Center. Il est convenu qu'Ahmad conduira le camion chargé d'explosifs et le détonnera dans le tunnel Lincoln. Lundi matin, Ahmad se prépare.
A Visit from the Goon Squad
A Visit from The Goon Squad est une oeuvre littéraire de Jennifer Egan qui prend la forme d'un roman à la structure narrative relâchée s'apparentant à un recueil de nouvelles. La diégèse de chacune des parties est liée de manière étroite ou périphérique au producteur de musique Bernie Salazar, ancien musicien punk depuis reconverti en producteur musical au succès relatif. Quelques chapitres font figurer le personnage central de manière importante tandis que d'autres s'attardent sur les destinées de personnes ayant traversé la vie de Salazar à un moment ou l'autre de son existence. Le titre du livre fait référence à une expression idiosyncrasique d'un des personnages, qui utilise cette formule pour désigner le passage de la Grande Faucheuse. Le thème de la mort est donc important, mais c'est plutôt celui de la perte qui caractérise l'ensemble des chapitres-nouvelles.
Ex Machina
Ex Machina est une série de bandes dessinées publiée dans la collection Wildstorm de l’éditeur DC Comics. La série suit les péripéties de Mitchell Hundred, ingénieur civil qui acquiert des capacités extraordinaires alors qu’il tente de déloger un objet mystérieux attaché au Brooklyn Bridge. La déflagration lors de l'explosion de cet objet manipulé par Hundred atteint le côté gauche de sa tête et lui greffe instantanément des implants cybernétiques lui conférant la possibilité de « communiquer » avec les machines. Ses capacités extraordinaires lui permettant de contrôler tout appareil muni de dispositifs mécaniques ou électroniques l’incitent à brièvement se convertir en super-héros. Oeuvrant sous le nom de cape de The Great Machine, Hundred se révèle plutôt malhabile comme justicier masqué, causant autant de torts que de bien par ses actions. Il prend sa retraite de son métier de superhéros en dévoilant son identité au grand public et décide de briguer la mairie de New York, et remporte l’élection de justesse à la surprise générale (on peut spéculer quant au fait qu’il ait manipulé les résultats grâce à ses capacités).
Old Men in Love. John Tunnock's Posthumous Papers
Fidèle à son habitude, l'écrivain Alasdair Gray créé un roman avec une structure narrative téléscopique fondée sur la stratégie du faux document, où un directeur d'école à la retraite, John Tunnock, est retrouvé mort à son domicile dans des circonstances nébuleuses. L'enquête de la police ne produit pas de conclusions définitives. La plus proche héritière de Tunnock est une femme d'affaire américaine, qui n'a que peu de cas à faire de l'héritage qui lui revient. Elle découvre au logis de son lointain cousin une série de manuscrits, autant de romans inachevés et d'extraits de journal intime. Elle engage l'écrivain écossais Alasdair Gray afin qu'il mette de l'ordre dans ces documents en vue de publication. Le résultat est Old Men in Love, assemblage de ces projets de livres successivement avortés et laissés incomplets, intercalés par des extraits de la vie personnelle de Tunnock, où on découvre qu'il recueillait à son domicile des jeunes femmes entretenant des liens troubles avec des membres du monde interlope.
The Poughkeepsie Tapes
Film de type mockumentary ("docu-menteur"), The Poughkeepsie Tales se veut un documentaire à propos d'un tueur en série ayant sévi dans l'état de New York pendant une décennie. Le tueur n'a jamais été capturé mais la police, qui a réussi à localiser son logement, a découvert plus d'un millier d'enregistements vidéo en format VHS documentait chacun des meurtres du criminel. Le documentaire reconstitue le processus d'enquête en intercalant dans le montage des extraits des meurtres captés sur pellicule.
Enfantin et terriblement vieux tout à la fois
Have a Fucking Nice Day: le 11 septembre d'un employé de bureau à Cardiff
Eleven est un roman épistolaire à la sauce numérique qui consigne les nombreux courriels que Martin Davies, le personnage principal, envoie et reçoit lors du 11 septembre 2001. Martin Davies vit en Angleterre, à Cardiff. Il travaille dans un bureau et passe le plus clair de son temps à procrastiner, à discuter de la soirée de la veille, ou encore de celle à venir avec ses amis. L'auteur joue sur l'effet de décalage induit par la connaissance qu'a le lecteur des évènements tragiques à venir. Martin Davies souffre d'une sorte de malaise fin de siècle, ses amours sont de pathétiques échecs et il consomme de la cocaïne avec ses amis, le week-end, simplement pour passer le temps. L'auteur semble vouloir relativiser ces problèmes sommes toutes anodins en les confrontant à l'Histoire, ce grand problème, mais il semble aussi suggérer que la différence d'échelle entre les souffrances individuelles et collectives n'interdit pas nécessairement d'établir certaines corrélations. Les individus sont perdus parce que la marche du monde est une immense déroute, à moins que ce soit l'inverse, tel est la réflexion ressassée par ce court roman épistolaire.
La vie sans conviction
Dwight B. Wilmerding est conscient de l'omniprésence des clichés et de l'interchangeabilité des discours qui circulent autour de lui. Cela le prédispose à être ironique, et il le serait définitivement s'il ne souffrait pas tant de l'aisance avec laquelle il se joue des codes de la jeunesse new-yorkaise. Ultimement, il est amené presque malgré lui à s'adonner à l'autodérision, le détachement qui le caractérise se muant peu à peu en une forme de mépris de soi qui le pousse à souhaiter des changements radicaux dans son existence. C'est d'ailleurs cette ambivalence qui fait l'intérêt du narrateur d'Indecision, le premier roman de Benjamin Kunkel : «It felt so shameful and exciting, not knowing what to do with myself.» (p. 10)
Let the Great World Spin — La signification a posteriori de l'homme qui n'est pas tombé
Si Let the Great World Spin est un roman qui porte la marque du onze septembre 2001, le rapport aux évènements qui y est développé est bien particulier. Plutôt que de narrer la tragédie, Colum McCann propose une relecture du passé teintée par l'effondrement des tours. On peut dire que le roman trouve sa cohérence grâce à un constat qui est posé quant à la nature de notre expérience du temps: il est possible, remarque McCann, de relire un évènement du passé, de lui donné une signification a posteriori. Plus encore, il arrive qu'un évènement soit si chargé, sémantiquement et émotivement, qu'il devient pratiquement impossible d'échapper à son emprise, celui-ci contaminant notre expérience du monde et notre compréhension de l'Histoire. Ainsi, si le cœur du roman se déroule le 7 août 1974, à New York, alors que le funambule Philippe Petit commet le «crime artistique du centenaire», cette journée est rapidement assombrie par l'ombre des tours qui, vingt-sept ans plus tard, se sont effondrées.
Le bébé
Deux cahiers : « Printemps, été » et « Été, automne » divisent l'ouvrage de Marie Darrieussecq. L'auteure nous livre en fragments le récit des premières saisons de vie de son enfant, dont elle ne donne d'autre nom dans le texte que « le bébé ». Grâce à quelques extraits isolés on devine que cette naissance précède de quelques mois les événements du 11 septembre, lesquels inspirent certaines réflexions de l'auteure-narratrice sur ceux-ci (voir la section Pistes d'analyse). Le récit est toutefois centré sur ce petit corps qui la fascine. Dans une prose très pragmatique, l'écrivaine s'engage à déployer un maximum de pensées sur le bébé et son désir pour lui, explorant du coup certaines zones sensibles de la maternité. Entremêlant son savoir psychanalytique et des discours populaires sur la question infantile, Darrieussecq tente de répondre – en s'appuyant sur la singularité de son expérience – aux questions posées dès la quatrième de couverture : « Qu'est-ce qu'un bébé ? Pourquoi si peu de bébé dans la littérature ? Que faire des discours qui les entourent ? Pourquoi dit-on ''bébé'' et pas ''le bébé'' ?
La théorie des cordes
Comme le titre l’annonce, La théorie des cordes de Carlos Somoza élabore son intrigue autour de la célèbre et complexe voie envisagée par la physique théorique. Intégrant habilement différents genres (science-fiction, horreur et thriller), le roman se centre sur le personnage d’Elisa Robledo, jeune physicienne aussi belle que douée, qui participe en 2005 à une expérience ultra-secrète sur l’île de New Nelson : le projet Zigzag. À l’aide de la théorie des cordes, les scientifiques confinés sur l’île, surveillés 24h sur 24h par des militaires armés jusqu’aux dents, parviennent à ouvrir les cordes temporelles afin de voir en temps réels des images du passé. Ils peuvent alors visionner, en 2005, des images remontant à l’ère paléolithique. Si le projet présente des avancées immenses pour la compréhension de l’histoire et de l’anthropologie, il n’est pas sans risque. Les recherches sont subitement arrêtées par la mort atroce d’une scientifique longuement torturée et la disparition tout aussi mystérieuse d’un autre.
Like Son
Frank est parti à New York pour refaire sa vie depuis le début. Enfant de parents divorcés, violé par son beau-père, Frank s’appelait, à sa naissance, Francisca. Séparé de son père pendant plusieurs années, il va tout de même s’en occuper jusqu'à la fin. Il reçoit en héritage la photo d’une jeune femme qui aurait été l’amante de sa grand-mère, Nahui Olin, une artiste mexicaine du début du XXè siècle.
Hanté par la mort de son père ainsi que par la photo de Nahui, Frank va tomber amoureux de Nathalie. Ils vivent le parfait amour à New York jusqu’aux attentats du 11 septembre. Nathalie décide de se porter volontaire pour aider sur le site de Ground Zero. Son attitude change, elle est plus taciturne, mais ne parle jamais de ce qu’elle ressent ni de ce qu’elle voit là-bas. À deux reprises, elle fugue, laissant un mot à Frank lui promettant de l’appeler, sans préciser à quel moment. Lorsqu’elle réapparaît, ils ne parlent pas des raisons qui l’ont poussée à s’enfuir, ni des endroits où elle est allée.
À l'ombre des tours mortes (In the Shadow of No Towers)
Art Spiegelman habite New York et plus précisément Manhattan. Il était présent lors des attentats du mardi 11 septembre 2001. Dans la rue, avec sa femme en train de faire des achats, ils ont entendu le premier avion traverser le ciel new-yorkais au dessus de leurs têtes. Vivant alors comme des millions d'habitants de la "big apple" l'angoisse d'une journée "incompréhensible", ils vont chercher leur fille qui se trouve dans une école proche de l'endroit où se déroule la catastrophe.
9/11 and Home
Mark Paulson est avocat pour une compagnie d'assurances. Venu à New York pour préparer un témoin, il ne peut pas rentrer comme prévu à Chicago : son premier vol est annulé pour cause de tempête, son second ne décolle pas de Newark le matin du 11 septembre 2001 à cause des attentats.
The Immensity of the Here and Now
Shrop a perdu sa philosophie et son passé dans les attentats du 11 septembre. Il tente de retrouver la mémoire à l'aide d'une psychothérapie avec son ami Quent. Ayant perdu ses jambes pendant la guerre (du Vietnam, j'imagine), Quent refuse que son infirmité et son traumatisme soient comparés à ceux de Shrop. Il ne retrouvera jamais ses jambes alors que Shrop peut retrouver la mémoire ou bien la reconstruire.
Lors de ces séances puis lors de leurs visites à Ground Zero, les personnages développent une réflexion sur le traumatisme, l'oubli, la violence, la souffrance, le langage, réflexion qui s'engage sur un mode fragmentaire et labyrinthique. Quent est-il un double que Shrop s'est trouvé pour surmonter les événements du 11 septembre ? Que viennent faire les voisins de Quent que Shrop prend pour d'anciens Nazis ? Shrop affirme essayer de surmonter la souffrance qu'il ressent et qui est liée à sa perte d'identité, mais il nous semble plus qu'il s'y complaise. Lorsque Quent se suicide par immolation sur le site même de Ground Zero, Shrop prend conscience qu'il n'a jamais envisagé cette issue radicale.
Once in a Promised Land
Salwa et Jassim vivent en Arizona lorsque les attentats du 11 septembre 2001 se produisent. D'origine jordanienne, ils vont subir les conséquences de ces attentats. Ils sont brisés par l'atmosphère générale qui règne aux États-Unis, et par une vie de couple qui se décompose petit à petit. Salwa tombe enceinte sans en parler à son mari qui ne veut pas d'enfant, puis elle fait une fausse couche. Juste après avoir appris le malheur de sa femme, Jassim a un accident de voiture en rentrant de la piscine. Jassim ne révèle pas à Salwa qu'un jeune homme est décédé lors de l'accident. Les non-dits les éloignent de plus en plus l'un de l'autre: Salwa entame une relation avec un collègue de travail qui s'avère être un dealer alors que Jassim, hanté par l'accident, a une attitude bizarre. Un ancien marine, Jack, qui avait rencontré Jassim à la piscine, devient paranoïaque lorsque l'attitude de celui-ci change. Il pense qu'il trame quelque chose de louche.
The Colossus of New York
C’est un portrait fragmentaire de New York, à l’image d’un miroir brisé, que nous propose Colson Whitehead dans The Colossus of New York. Marquée par un mouvement constant, la narration glisse d’un personnage à un autre, de la deuxième personne à la troisième, et saute d’un endroit à un autre.Whitehead nous propose son New York, construit à partir de sa propre expérience, en insistant sur l’anthropomorphisme de la ville. Un parcours cyclique démarre au Port Authority, puis nous emmène dans Central Park, Brodway, Coney Island et Times Square, en passant par le métro à l’heure de pointe. Une mouette nous sert de guide sur le pont de Brooklyn. Nous croisons divers New-Yorkais qui ont en commun cette ville monstrueuse et un fort sentiment de solitude. Au fond, elle est leur fidèle compagnon, seul témoin de tous les instants qu’ils ont passés ici.La ville est toujours en mouvement, tout comme ses habitants. Elle change de visage mais demeure malgré tout New York.
The Zero
Une pluie de papier. C'est le seul souvenir que conserve Brian Remy de ce jour funeste durant lequel les tours jumelles sont tombées. Ce flic new yorkais se retrouve totalement passif face à son sort : il est la victime de trous de mémoire importants qui font que sa vie ressemble à un puzzle dont il manque plusieurs pièces. Il a la vue qui flanche et il maigrit énormément. Nous le suivons dans ce New York post-11 septembre, dans l'enquête top secrète qui lui est confiée, et pour laquelle il acquiert la certitude, petit à petit, qu'elle n'est pas aussi honorable que l'on tente de lui faire croire. On lui demande de retrouver la trace de March Selios, une jeune consultante pour des entreprises pétrolières pour tout ce qui concerne le Moyen-Orient. Le gouvernement a un doute sur sa mort : elle a été vue sortant de son bureau quelques minutes avant les attentats. Était-elle au courant de ce qui allait se passer ? Son ex-petit ami d'origine arabe aurait pu la prévenir. C'est ce que Remy doit déterminer... en apparence.
The Days of Awe
Roman écrit sous le signe de la crainte de la mort, de la maladie et du vieillissement, mais aussi sur la persistance de la vie, son lot d’épreuves et d’incertitudes, The Days of Awe est un roman dont la tonalité crépusculaire sied bien à l’âge avancé de son couple central, et de l’événement qui vient bouleverser leur vie. À la fin de l’été 2001, dans l’Upper West Side, Artie Rubin, 67 ans, planche sur un nouvel ouvrage illustré inspiré par la mythologie nordique tandis que sa femme, Johanna, s’occupe des portefeuilles boursiers de sa clientèle. Pendant que la mort et la maladie disséminent leur entourage, Artie, pourtant juif séculier, participe aux rituels des « jours redoutables » de la liturgie juive, période au cours de laquelle, entre Rosh Hashanah et Yom Kippour, il est rapporté que Dieu détermine lesquels de ses sujets mourront au cours de l’année nouvelle. Persuadé qu’il mourra à 73 ans comme son père, Artie se soucie surtout des ennuis de santé de Johanna, qui se révèle atteinte d’une forme d’hypertension grave.
Man in the Dark
Man in the Dark de Paul Auster renoue avec un certain réalisme magique que l'auteur de Moon Palace, de Leviathan et de In the Country of Last Things avait mis de côté depuis déjà plusieurs années. Le roman s’ouvre avec le personnage d'August Brill, un vieil homme habitant aux côtés de sa fille récemment divorcée et de sa petite-fille endeuillée par le décès violent de Titus, son petit ami, décapité en Irak. En proie aux souvenirs douloureux d’une mémoire par trop remplie d’amertume, Brill engage son dialogue avec le lecteur par une mise en abyme d’un monde où le 11 septembre n’a jamais eu lieu. Chaque nuit, lorsqu'il ne peut dormir, Brill construit son récit dans le récit, une histoire enchâssée qui raconte les mésaventures d’un magicien pour enfants new-yorkais, Owen Brick, catapulté dans un monde uchronique. Les États-Unis sont aux prises avec une seconde Guerre de Sécession où les attaques du 11 septembre 2001 n’ont jamais eu lieu. D'abord convaincu qu'il s'agit d'un rêve, Owen Brick entreprend de retrouver son chemin vers la réalité qu'il a quittée à son corps défendant.
Twilight of the Superheroes
Les attentats du 11 septembre 2001 ouvrent ce recueil de nouvelles. S'il n'en est plus fait mention au cours des autres textes, leur ombre plane néanmoins sur la société américaine qui y est décrite. Le recueil se ferme sur un adolescent, Oliver, qui a passé les premières années de sa vie à l'étranger, et qui semble avoir été marqué par son expérience là-bas, notamment par un attentat dont ses parents et lui auraient été témoins. Nous sommes au début du 21e siècle. Nathaniel imagine comment il raconterait à ses futurs petits-enfants la fin du siècle précédent et le début du 21e, Lucien est pétrifié après les attentats, se sentant vieux et se demandant comment les livres d'histoires rapporteront ces événements du 11 septembre. Les autres nouvelles du recueil nous présentent des personnages désillusionnés, qui ne croient plus en un futur, qui n'ont plus confiance en eux et qui ne comprennent plus le monde dans lequel ils évoluent. À l'image du superhéros de Nathaniel, Passivityman, il semble qu'ils ont perdu leurs super-pouvoirs, et qu'ils s'enfoncent dans un léthargie mortifiante.
Phase One After Zero
Et si Timothy McVeigh avait fui les lieux de l'attentat d'Oklahoma City pour se réfugier au Canada, aidé par un réseau terroriste fidèle aux davidiens décimés au siège de Waco, que serait-il advenu de cet ex-marine? Aurait-il poursuivi sa guerre contre le gouvernement américain par l’entremise d'autres réseaux terroristes? Aurait-il participé aux attaques du 11 septembre? Se serait-il repenti et aurait-il cherché à sauver New York des attaques terroristes? Était-il un extraterrestre originaire de Vegha 77 envoyé sur terre pour préserver la paix?
Ce sont là les questions que pose Vladimir Chernozemsky dans son roman Phase One After Zero. Le roman admet d’emblée l’hypothèse selon laquelle une multiplicité de mondes évoluent en parallèle. Ce roman serait dès lors un univers dont les prémisses sont prélevées dans les journaux à potins de notre réalité.
Rachel au pays de l'orignal qui pleure
Rachel Richer ne sait pas si elle est morte ou vivante. L'état serein et paisible qui l'emplit pourrait bien être le paradis si ce n'était que le paradis a tout l'aspect de la devanture de l'épicerie de la petite ville des Laurentides où elle a pris sa retraite avec son conjoint. Elle constate rapidement sa capacité à se déplacer instantanément dans tous les lieux qui lui sont familiers, d'assister au va-et-vient quotidien des gens qu'elle connaît, sans toutefois qu'elle puisse entrer en contact avec aucun d'eux. À travers sa béatitude, des flashs lui parviennent : images de tôle froissée sous une voûte de cèdres, de sang qui coule de partout et d'une tête d'orignal aux grands yeux tristes qui la regarde. Une manchette de journal lui apprend qu'elle aurait eu un accident d'automobile, mais que la police recherche toujours son corps.