Roman écrit sous le signe de la crainte de la mort, de la maladie et du vieillissement, mais aussi sur la persistance de la vie, son lot d’épreuves et d’incertitudes, The Days of Awe est un roman dont la tonalité crépusculaire sied bien à l’âge avancé de son couple central, et de l’événement qui vient bouleverser leur vie. À la fin de l’été 2001, dans l’Upper West Side, Artie Rubin, 67 ans, planche sur un nouvel ouvrage illustré inspiré par la mythologie nordique tandis que sa femme, Johanna, s’occupe des portefeuilles boursiers de sa clientèle. Pendant que la mort et la maladie disséminent leur entourage, Artie, pourtant juif séculier, participe aux rituels des « jours redoutables » de la liturgie juive, période au cours de laquelle, entre Rosh Hashanah et Yom Kippour, il est rapporté que Dieu détermine lesquels de ses sujets mourront au cours de l’année nouvelle. Persuadé qu’il mourra à 73 ans comme son père, Artie se soucie surtout des ennuis de santé de Johanna, qui se révèle atteinte d’une forme d’hypertension grave. Le couple se réjouit pourtant d’apprendre que sa fille attend un garçon, bien que l’annonce soulève des questions délicates, le père du futur enfant refusant de faire circoncire le bébé. Entre temps, les amis de leur fille traversent aussi leurs épreuves : Sut, un informaticien travaillant dans une entreprise sise au 102e étage de la tour nord du World Trade Center, ne se remet pas d’avoir vu Guy, son supérieur, lui ravir la femme qu’il aimait; un ami des Rubin, Adam, en rémission d’un cancer, admet difficilement l’homosexualité de son fils. Arrivent les événements du 11 septembre, qui happent ces drames intimes dans le canevas de la grande Histoire, procédant à la sélection arbitraire des vivants et des morts. Faut-il céder à la peur, à la colère? Faut-il renier sa foi, ou retourner à celle de ses ancêtres? C’est ce dernier parti qu’adopte Artie, préoccupé par la santé de plus en plus fragile de sa femme, mais les voies (et l’ironie) divines restent insondables, jusqu’à la fin.