20 septembre 2014

Zero Dark Thirty

Par Simon Breault
Présentation de l'œuvre
Ressource bibliographique: 

Le long métrage intitulé «Zero Dark Thirty» porte sur les événements qui ont mené la CIA à retrouver et éliminer Oussama ben Laden. À travers le personnage fictif de Maya, une jeune enquêteuse qui coordonne une équipe au sein de la CIA, des événements historiques ayant marqué la guerre au terrorisme de 2003 à 2011 sont représentés depuis l'intérieur de l'agence gouvernementale. Les interrogatoires constituent plusieurs des scènes marquantes, notamment par leur violence explicite et les enjeux éthiques qui sont soulevés par des pratiques telles que la noyade simulée. Mal à l'aise devant de telles techniques qui lui sont dévoilées par son collègue Dan, Maya en vient rapidement à comprendre que tout doit être envisagé pour remonter jusqu'à ben Laden. C'est en torturant et piégeant le détenu Ammar, le neveu de Khalid Cheikh Mohammed, un haut placé au sein d’Al-Qaïda, que Maya obtient le nom d'un terroriste important : Abu Ahmed al-Kuwati. Mais les recherches de Maya sont difficiles, les informations trop peu nombreuses et son patron, Joseph Bradley, lui fait savoir qu'elle est devant une impasse en suivant cette piste. Le film croît longuement en tension en représentant quelques uns des actes terroristes les plus connus de cette période : la fusillade perpétrée par Al-Qaïda le 29 mai 2004 en Arabie Saoudite, les attentats de Londres le 7 juillet 2005, l'explosion de l'hôtel Mariott à Islamabad, où Maya se trouvait, pour enfin culminer à Camp Chapman le 30 décembre 2009. Jessica, une collègue de Maya, obtient des informations de la part d'un docteur au sein d’Al-Qaïda et organise avec celui-ci un rendez-vous à la base militaire. Pressée d'obtenir des informations menant à la capture de ben Laden, Jessica ordonne de laisser passer la voiture piégée sur le site ce qui mène à sa mort et à sept autres agents. Furieux de cette attaque, un haut directeur de la CIA semonce ses troupes et ordonne qu'on lui amène des cibles à tuer. Pendant ce temps, Maya, qui a abandonné la piste menant à Ahmed, puisqu'on le croyait mort, découvre qu'une erreur d'identification de la photographie présentée aux détenus serait à l'origine de la confusion sur sa mort. En soudoyant un koweïtien, Maya et son équipe obtiennent l'information nécessaire menant à la découverte d'une enceinte fortifiée au Pakistan. Face à l'impossibilité d'affirmer qu'il s'agit bien de la demeure d'Oussama ben Laden, les mois passent sans qu'aucune action ne soit menée, ce qui enrage Maya. Finalement, le gouvernement donne le feu vert pour une opération militaire. Les scènes d'action qui suivent sont: le départ en hélicoptère, l'intrusion secrète au Pakistan, l'atterrissage manqué qui force à abandonner et détruire l'un des appareils, la tension provoquée par le voisinage alarmé en pleine nuit et l'assassinat des cibles à l'intérieur du bâtiment. Oussama ben Laden est finalement tué et ramené à la base militaire où Maya, soulagée, identifie le corps et complète ainsi sa mission.

Précision sur la forme adoptée ou le genre: 

D'une durée de 157 minutes, «Zero Dark Thirty» est un film de guerre, d'enquête et de suspense. Fait important à noter, l’œuvre s'ouvre avec un avertissement concernant les sources d'informations ayant mené à la réalisation du film : «The following motion picture is based on first hand accounts of actual events». Le film se base sur des faits réels et, puisqu'il s'agit d'événements survenus au sein d'une organisation secrète, la réalisatrice précise qu'elle a obtenue des informations privilégiées de «première main» qui renforcent l'exactitude historique de la fiction.

Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 

N'optant pas pour une narration «en voix off» par Maya, la réalisatrice centre tout de même son récit sur celle-ci. Cela permet au spectateur de «vivre» la chasse à Oussama ben Laden depuis l'intérieur de la CIA, tout en offrant un visage humain à la guerre au terrorisme. La chronologie est rigoureusement respectée, donnant ainsi un fil continu aux événements. Le film est divisé en plusieurs chapitres tels que: «Le groupe Saoudien», «Le Site Noir», «La Rencontre», «Camp Chapman» et «Erreur Humaine». Plusieurs scènes représentent des bulletins de nouvelles, ce qui créé un pont narratif entre la fiction du film (la vie de Maya) et la réalité qui a pu nous être rapportée sur un événement, à travers ces mêmes chaînes d'information. À titre d'exemple, une scène débute en affichant un autobus typiquement londonien qui circule dans les rues de la capitale anglaise. Subitement, il explose et l'on comprend rapidement qu'il s'agit de l'attentat de Londres perpétré par Al-Qaïda en 2005. La scène suivante montre Maya regardant un bulletin de nouvelles rapportant l'événement qui vient tout juste d'être réactualisé par le cinéma sous nos yeux. Ce mode d'énonciation a un double effet: il rend plus véridique le personnage de Maya puisqu'elle réagit à des événements réels qu'elle perçoit également à travers les écrans de télévision puis, il plonge directement le spectateur dans la quête fictionnalisée de l’héroïne. En effet, en étant précédemment témoin de l'explosion de l'autobus, le bulletin de nouvelle vient par la suite réaffirmer l'événement et joindre la fiction de Maya qui observe, via un écran, la réalité de l'attentat.