26 juillet 2012

Have a Fucking Nice Day: le 11 septembre d'un employé de bureau à Cardiff

Par Simon Brousseau
Présentation de l'œuvre
Ressource bibliographique: 

Eleven est un roman épistolaire à la sauce numérique qui consigne les nombreux courriels que Martin Davies, le personnage principal, envoie et reçoit lors du 11 septembre 2001. Martin Davies vit en Angleterre, à Cardiff. Il travaille dans un bureau et passe le plus clair de son temps à procrastiner, à discuter de la soirée de la veille, ou encore de celle à venir avec ses amis. L'auteur joue sur l'effet de décalage induit par la connaissance qu'a le lecteur des évènements tragiques à venir. Martin Davies souffre d'une sorte de malaise fin de siècle, ses amours sont de pathétiques échecs et il consomme de la cocaïne avec ses amis, le week-end, simplement pour passer le temps. L'auteur semble vouloir relativiser ces problèmes sommes toutes anodins en les confrontant à l'Histoire, ce grand problème, mais il semble aussi suggérer que la différence d'échelle entre les souffrances individuelles et collectives n'interdit pas nécessairement d'établir certaines corrélations. Les individus sont perdus parce que la marche du monde est une immense déroute, à moins que ce soit l'inverse, tel est la réflexion ressassée par ce court roman épistolaire. Autre fait intéressant : le livre laisse également entrevoir que le traumatisme du 11 septembre, du point de vue d'une jeunesse londonienne blasée, n'est pas nécessairement aussi profond qu'on pourrait s'y attendre. Les personnages réagissent fortement aux images qu'ils perçoivent à la télévision, mais ils continuent tout de même de vaquer à leurs occupations, par exemple à planifier une réunion d'affaires.
 

Précision sur la forme adoptée ou le genre: 

Roman épistolaire où sont consignés exclusivement des échanges de courriels.
 

Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 

Les échanges de courriel gravitent autour de Martin Davies, le personnage principal. La temporalité est linéaire et assez dilatée, puisque plusieurs courriels sont échangés par heure. À la limite, on a une impression d'invraisemblance, comme si le personnage ne faisait que lire et écrire des courriels toute la journée.