Le Troisième Frère, de Nick McDonell
Les attentats de New York sont la partie émergée d'un monde en ruine. Désillusion, regard désabusé et cynique sur deux humanités distinctes, pauvre et riche, étourdissement social et tourbillons visuels dus aux drogues omniprésentes, le vécu apparaît insuffisant, la sensibilité et l’humanité ne suffisent plus : pour survivre, il faut toujours rester un Blanc aux valeurs antérieures à soi, chez qui un être invisible veille et renvoie à un monde ordonné ailleurs. Mais le pont se rapetisse sans cesse entre les deux mondes et le naufrage du personnage principal prend forme au fur et à mesure que le pont se réduit à un vide capable de confondre les deux sphères.
Le roman de McDonell participe sans doute d’un processus de mythification. L'auteur aborde et pénètre profondément une des symboliques ultimes (pour le moment) des attentats : la chronique de la dévastation en une seule phase gigantesque vibre dans le monde contemporain et lui est antérieure. Cette conviction anime le livre et historicise le propos de cette fiction en installant au cœur de l’histoire moderne la barbarie, non comme une chose exceptionnelle mais au contraire comme un fait social banalisé par des modèles de pensées et de vécus en congé d’eux-mêmes.
Pour voir le compte rendu: http://lmp.uqam.ca/compte-rendu/29