Here is New York: A Democracy of Photographs
Le projet de Here is New York, né au lendemain des attentats, témoigne du besoin d'images ressenti par les Américains mais également plus largement par les Occidentaux à la suite des attentats. Les instigateurs du projet ont recueili, numérisé, imprimé et affiché quelques 5000 photographies des attentats contre le World Trade Center, photographies issues, sans distinction, de photographes amateurs et de photo-journalistes. Le livre regroupe environ 1000 de ces photos et il est impossible de le séparer du projet initial. Qu'il y ait eu dès les premiers instants des événements ce recours à la photographie parce qu'il ne fallait pas ne pas prendre cette photographie, ne pas témoigner de ce qui était vu et donc du rôle (même mineur, en tant que témoin) joué par le photographe, s'inscrit dans une pensée sensationnaliste de l'événement et du témoignage qui a pour effet de magnifier à la fois l'effet traumatique de la destruction et sa "beauté" esthétique.
Here is New York est un ouvrage essentiel pour la compréhension du processus de mythification parce qu'il permet, au fil du livre, de noter l'essor du processus de mythification et ses phases: des photographies marquant l'incrédulité, l'impuissance et la tristesse, on passe à des photographies témoignant de la colère (appel à la vengeance, menace à Ben Laden, etc.) puis à des photographies dont l'objet est clairement une héroïsation des secouristes. Cette dernière catégorie de photographies semble politique, voire même dans une logique de guerre: une façon de dire à l'ennemi qu'il n'a pas réussi. Si le thème central de l'ouvrage est peut-être le témoignage, il n'en reste pas moins qu'il y a dans certaines images un calcul froid: les photographies de gens "posant" devant les tours en feu détonnent à côté des photographies prises sur le vif, à la manière du photo-journalisme.
Pour voir le compte rendu: http://lmp.uqam.ca/compte-rendu/380
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