Samedi, de Ian McEwan
Fasciné par sa propre mutation, par un mystérieux morcellement du moi, par ses ambivalences mais aussi par ses convictions profondes, Ian MacEwan étudie en une investigation très fine ce qui apparaît consumé et ce qui subsiste de valeurs éthiques, de respect et d’humanité dans un cheminement personnel soudain en crise. Crise sociale, intelligibilité d’un réel qui bouge et change, conscience de ces transformations, sensation d’un monde perdu, d’un passage dangereux, d’un moment de transition et d’affrontement, crépuscule et déclin d’un système de valeurs et d’une certaine éthique, nostalgie sans illusions, toutes ces directions narratives apparaissent discutées, questionnées et retournées avec un art du récit exemplaire. À ce questionnement foisonnant, l’auteur ne répond pas toujours, ou parfois renvoie dos à dos des réponses contradictoires (notamment au sujet de l’envahissement l’Irak) d’où surgissent de nouvelles possibilités d’interprétation, une forme de pensée qui dénonce les manques et les facilités. Beau roman, un peu long, un peu lent, ambigu, avec une écriture subtile et raffinée et qui pose intelligemment de bonnes questions.
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