17 mai 2007

Le Troisième Frère

Par Patrick Tillard
Présentation de l'œuvre
Ressource bibliographique: 
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Mike, en stage à Hong Kong, est envoyé à Bangkok par Analect, son rédacteur en chef. Sa mission est d'enquêter sur le trafic de drogues mais aussi de retrouver la trace d'un ami de son père, Christopher Dorr. Au cours de cette enquête, des secrets de famille seront révélés: ils fracasseront son identité. Dans une première partie ponctuée de nombreux flash-back vers son enfance et la vie familiale, Mike décrit son aspiration, son enfouissement dans la jungle urbaine de Bangkok (drogue, prostitution, sexe, survie misérable, ratés). Il découvre qu’il n’y a, en Thaïlande, de possibilité de rédemption que pour les Blancs, les « farangs », les autres sont traités comme des chiens et abattus comme Tweety et son frère, un trafiquant de drogue, pour justifier la politique populiste du gouvernement Thaksin. Désillusion, regard désabusé et cynique sur deux humanités distinctes, étourdissement social et tourbillons visuels dus aux drogues omniprésentes, le vécu apparaît insuffisant, la sensibilité et l’humanité ne suffisent plus : pour survivre, il faut toujours rester un Blanc aux valeurs antérieures à soi, chez qui un être invisible veille et renvoie à un monde ordonné ailleurs. Mais le pont se rapetisse sans cesse entre les deux mondes et le naufrage de Mike prend forme au fur et à mesure que le pont se réduit à un vide capable de confondre les deux sphères. La deuxième partie se situe à New York et dévide plusieurs centres narratifs : l’effondrement des tours du World Trade Center, la folie de Lyle, le frère de Mike, la lueur de plus en plus présente du troisième frère, la disparition des parents. Toutes ces pistes convergent vers une seule métaphore, celle de la dévastation. La perte complète des repères et l’absence d’avenir propagent dans le récit un vertige nihiliste irrémédiable. Le récit se referme sur une troisième partie où le narrateur, maintenant dangereusement seul et proche du délire paranoïaque, constate son impossibilité à participer ou à décrire dans un essai universitaire les variations de la croyance ; l’idée même de la Foi le met en rage. Il évoque son troisième frère comme son seul recours humain probable et potentiel. L’église le met en colère, l’université ne peut rien lui apporter, l’amour est en fuite, la famille est morte. Les images de cette tempête, de ce bombardement à l’infini sur un être au potentiel quasi effacé, ne peuvent introduire qu’une seule notion, unique réalité possible, poussée pure et motrice vers la différenciation indispensable : un départ nouveau et vital vers le monde, vers un autre monde, seule note d’espoir de ce livre.
Précision sur la forme adoptée ou le genre: 
Roman
Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 
Roman polyphonique, narration fragmentaire, narrateur unique, jeux sur la temporalité.