La Jubilation des hasards, de Christian Garcin
Partagé en deux parties, ce roman, après une improbable rencontre à Marseille et la révélation d’un secret quasi métaphysique, se continue à New York où Eugenio, le héros du roman, est censé effectué un reportage sur l’après-11 septembre. De rencontres professionnelles prévues à d’autres totalement hasardeuses qui finissent par se recouper, l’auteur explore un New York décadent, peuplé de ruines idéologiques, de personnages décalés, d’ombres felliniennes, une ville mouvante dont le décor évoque la Rome néronienne. Entre deux rencontres de témoins de l’attaque du 11 septembre, puis une visite obligée à Ground Zero, Eugenio livre ses réflexions sur le 11 septembre et l’exploitation commerciale qui en est faite. Son approche iconoclaste de l’événement, approche qui ne sombre ni dans le pathos ni dans la critique à tous crins, pose des questions plutôt qu’elle ne propose de réponses cuites et recuites. Le récit maintient toujours une certaine distance avec ses thèmes, comme si l’auteur «était absent au monde». Son « terrier-livre », dans lequel il s’enfouit en creusant à mains nues, fouille en spirales une histoire invraisemblable, finalement cohérente grâce à une écriture qui se joue de plusieurs plans narratifs en les juxtaposant, et qui prend incontestablement une réelle et amicale consistance poétique.
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