Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre:
La littérature pour enfants a produit dans la Communauté européenne quelques albums sur le 11 septembre 2001. Leurs points de vue sont importants dans le cadre du LMP puisque la littérature pour enfants s’emploie souvent à métaphoriser des événements de cette ampleur afin d’en atténuer l’impact sur les enfants ou de les expliquer en réduisant en quelques traits efficaces la pluralité des discours de l’actualité.
Cet album décrypte avec des mots d’enfants l’impact du 11 septembre 2001 sur leur existence. Il leur attribue, avec une parole généraliste, la volonté de sortir de l’engrenage émotif engendré par le choc des images et l’exigence d’un monde ludique et non brutal. La stratégie de mortification, une humanité absente et le sentiment de barbarie engendrés par les images du 11 septembre 2001 ferment tout avenir pour de jeunes enfants.
Publié en 2002, cet album réagit dans l’urgence à l’événement. Il se lève contre la tyrannie d’un monde de brutalité et de sauvagerie qui estropie et étrangle l’imaginaire et modèle l’avenir des enfants. La première partie évoque ce qui a existé le 11 septembre 2001 et ce que l’enfant ne veut plus, la deuxième partie ce qu’il devrait recevoir et vivre pour rester lui-même, un monde sans guerre ni barbaries.
Peut-être est-ce un rêve d’adulte et non d’enfant ?
Le ton du livre est grave mais les images naïves et, à cause de la naïveté du trait, soudainement dérangeantes et fortes. Les images sont suffisamment épurées pour que l’ensemble débouche sur une émotion réelle plutôt que sur un discours moralisateur.
La figuration du 11 septembre 2001 emprunte aux avions, aux hommes qui tombent et à la guerre. En termes simples, les directions du mythe sont posées, ses clés de voûte et ses contraintes identifiées. Le monde n’est pas pour cela défiguré mais peut-être démasqué. L’avenir sera-t-il assez grand pour le désir futur de ce « beau temps » exprimé par l’enfant ?
Donner une citation marquante, s’il y a lieu:
« Quand les avions s’écrasent, mes yeux veulent trop voir. »
p.4
« Quand les hommes-feuilles tombent, je me fais tout petit. »
p.6