13 septembre 2007

Extrêmement fort et incroyablement près

Par Éric Giraud
Présentation de l'œuvre
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Oskar Schell, enfant précoce âgé de neuf ans, a caché le téléphone contenant les six messages que son père lui a laissé des tours jumelles où il se trouvait en rendez-vous avec un client au moment de l’attaque terroriste du 11 septembre. À la recherche d’informations relatives à la mort de son père, il découvre dans un vase bleu une enveloppe contenant une clé sur laquelle est inscrit le nom « Black ». Il se met à la recherche du propriétaire de cette clé et de la serrure correspondante en rendant visite chaque fin de semaine à une série d’individus se nommant Black. Il rencontre ainsi un certain Mr Black qui n’est pas sorti de chez lui depuis la mort de son épouse, 24 ans plus tôt. Le jeune Schell le convainc de l’accompagner dans sa recherche. Black l’aide à dépasser quelques-unes des phobies relatives à l’attaque terroriste des tours : fréquentation des métros, des ferrys, des terrasses panoramiques, etc. Le jeune Oskar, à l’imagination aussi prolixe qu’inquiète, est suivi par un psychiatre qui propose à sa mère de l’hospitaliser. Il communique à l’aide de talkies-walkies avec sa grand-mère qui habite dans l’immeuble d’en face. Loge chez elle un locataire qui s’avère être son mari et porte le même nom que le père d’Oskar, Thomas Schell. On apprend progressivement que Thomas était le fiancé d’Anna, la sœur de la grand-mère. Anna, enceinte, a trouvé la mort lors du bombardement de Dresde en 1945. Après avoir épousé la grand-mère à New York, Thomas l’abandonne, enceinte, pour retourner à Dresde en 1963. Il est devenu aphasique et a développé une réelle graphomanie, écrivant partout (cahiers innombrables, murs, bras, plancher, etc.). Il retourne à New York après avoir lu le nom de son fils parmi les victimes du 11 septembre. Sa femme, qu’il retrouve 40 ans plus tard, lui interdit de se montrer au jeune Oskar qu’il suit pourtant durant les huit mois que dure l’enquête d’Oscar au sujet de la mystérieuse clé. Après avoir écouté un message laissé au début de sa recherche sur le répondeur qu’il ne consultait plus après le 11 septembre, Oskar prend contact avec William Black à qui son père avait acheté le vase bleu sans savoir qu’il contenait une clé. Black a vendu le vase après la mort de son père, sans savoir qu’elle ouvrait le coffre du père, et ce n’est qu’après la vente qu’il lit la lettre testamentaire où il apprend que son père a déposé quelque chose à son attention dans le coffre. Oskar Schell finit par rencontrer son grand-père, le mystérieux locataire de sa grand-mère, et ils décident dans leur double quête du deuil d’exhumer le cercueil vide de Thomas Schell et de le remplir avec les valises de cahiers de lettres que le grand-père a écrit à son fils durant quarante ans, lettres dont il n’avait envoyé que les enveloppes vides correspondantes.
Précision sur la forme adoptée ou le genre: 
Roman.
Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 
Roman polyphonique comprenant une triple narration homodiégétique (à la première personne) : le récit du jeune Oskar Schell, (portant sur la période du 11 septembre et sur les deux années suivantes) est entrecoupé du récit du grand-père d’Oskar adressé sous forme de lettres à son fils, Thomas Schell (partant de son enfance, du bombardement de Dresde jusqu’au deux années suivant les attentats de 2001), puis du récit de la grand-mère sous forme d’une lettre adressée à son petit-fils, Oskar. Ce récit fragmenté est composé de nombreuses lettres, de dialogues, de scène de théâtre (Oskar Schell joue le personnage de Yorick dans Hamlet), de cahiers multiples, de fiches biographiques composées d’un seul mot, d’éléments typographiques et iconiques. Le roman est une construction complexe usant de nombreuses analepses et prolepses de portée et d’ampleurs diverses. Il présente une multiplication des points de vue sur la diégèse, des fausses pistes, des dissimulations d’éléments diégétiques et narratifs — concernant la temporalité du récit, l’identité d’une des instances narratives (le grand-père), ou l’homonymie du père et du grand-père (Thomas Schell) — puis des dévoilements et des révélations, à la manière d’un roman à clé, en forme de quête.