Le premier tome est adapté du cyber-roman diffusé sur Internet entre le 31-021997 et le 31-12-99 (sur le site de l’auteur :
www.yslaire.be qui n’existe plus).
Une œuvre en quatre albums avec deux fins différentes.
Entre psychanalyse et histoire, l’obscurité du XXe siècle cherche son expression dans les quatre albums. Les albums racontent l’histoire personnelle et familiale d’Eva Stern, psychanalyse mourante née en 1900 et formée par Freud. L'œuvre parcourt le siècle qui va s’achever avec elle.
Toute la vie d'Eva Stern va défiler. La recherche ou l’évocation de son frère Frank Stern, peut-être mort pendant la Première guerre mondiale ou réfugié avec les Bolcheviques russes en Suisse, sert de toile de fond à l’évocation des grands traumatismes sociaux et de la barbarie du XXe siècle : les deux Guerres mondiales, la Shoah, le Vietnam feront partie de ce gigantesque flash-back qui s’achevera avec les attentats du World Trade Center de 2001 alors qu'Eva est déjà dans le coma.
Mais de son vivant, en 1998, c’est par son ordinateur qu’Eva Stern remonte dans son passé. Elle reçoit régulièrement des fichiers de photos par courriel, messages muets seulement signés @nonymous. Les photos forment une sorte de kaléidoscope du siècle, ressuscitant des époques et des personnes disparues ou vivantes qui ont jalonné sa vie. Avec un siècle qui change plusieurs fois de statut, qui se désarticule et se déforme, la mémoire d'Eva Stern grandit et rend des détails plus nets, mélange des ressemblances vagues, restitue à une vie intérieure ses souffrances et son obsession. La poursuite d’une certaine métaphysique de l’histoire, sa logique indéterminée, son incertitude, est rendue par l’apparition fantomatique de Frank, le frère perdu, devenu ange évanescent, présence occulte et parallèle, ange étincelant et sacrifié, figure qui se dresse comme un reproche insaisissable devant l’humanité, entre sa soeur et le monde. Sa présence dérobe aux instants traversés la part de logique et de raison que les homme cherchaient. Le signe, la présence de l’ange sont toujours fugitifs et indéfinis comme un corps vu à travers un mur d’eau, comme si la mémoire ne suffisait plus à retenir l’image de Frank, conscience malheureuse, isolée et lucide. Le traitement des couleurs des dessins ajoute à la perplexité des profondeurs et au trouble de la réalité évoquée.
Frank, ange ou homme, est un témoin ; photographe de métier, ces photos ne répondent pas aux questions mais les posent. Photos de guerre, photos de révolte, photos de jeunesse multiplient les questions sur un siècle qui semble sans linéarité autre que la barbarie et les guerres.
Les deux fins se complètent : dans la première, un Boeing vole dans un ciel bleu, limpide à l’extrême, il vole vers on ne sait quelle destination ; dans la deuxième fin, un avion, sans doute le même, fracasse une des tours du World Trade Center alors qu’un ange aux ailes rognées, pantin ou homme, martyr ou ange, tente de s’envoler ou de fuir le brasier.
« Alert! You’ve got bug !! reset » seront les derniers mots, le dernier message du livre.