9 juillet 2007

Nine Eleven

Par Patrick Tillard
Présentation de l'œuvre
Ressource bibliographique: 
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Livre destiné aux adolescents, Nine eleven alterne les scènes « vécues » romancées d’un quotidien banal soudainement bouleversé par la réalité des attentats avec des pages descriptives, techniques et quasi cliniques destinées à souligner la domination froide des attentats qui frappe tyranniquement un mode de vie insouciant composé de valeurs positives : celui des adolescents. Les pages techniques expliquent par exemple la résistance des matériaux et, dessins à l’appui, les trajectoires des avions dans les structures des tours et leurs effets. De façon à renforcer l’aspect traumatique de la catastrophe, l’auteur alterne les chapitres écrits sur un mode romancé et les pages écritures dans un style journalistique technique qui « colle » ainsi à la progression des avions vers les tours puis aux scènes suivant leur effondrement. Il impose ainsi au récit des coupes nettes à la manière d’une symptomatologie mécanique qui frappe et submerge aveuglement un monde innocent, qui pousse la vie vers l’abîme. Il oppose de cette manière les mécanismes de l’imagination et de la survie à la réalité implacable de l’événement, la vie à la mort, l’innocence à la barbarie, la sensibilité meurtrie à l’aveuglement. L’auteur parvient parfois à imposer par la juxtaposition de deux styles et de deux langages une émotion réelle qui développe son propre discours. Changement brutal de style et narration substitutive au roman car fonctionnelle coïncident avec la plongée descriptive et psychologique des élèves qui tentent de comprendre le bouleversement qui survient et qui a fort peu de rapports avec leur quotidien. L'arrivée de plusieurs élèves de la Stuveysant High School, non loin du World Trade Center, est un prétexte à décrire l’architecture de l’école et du quartier, mais aussi le caractère multiethnique des adolescents qui fréquentent l’école (Biélorusses, Américains, etc.). Lorsque les avions percutent les deux tours, l’auteur accumule les observations sur les réactions (impréparation, désarroi) de la hiérarchie scolaire et sur celles des élèves. Les comportements des parents suivent dans un deuxième temps, certains personnages sont pris dans les immeubles, survivent. D’autres tentent de situer leurs enfants et parcourent New York vers Manhattan. Quelques jours plus tard, les élèves reprennent les cours mais à Brooklin Tech et non dans leur école. Chacun cherche un refuge plus ou moins précaire dans ses propres ressources, les traumatismes des parents comme des enfants sont décrits selon des intensités variables mais la blessure existe et demeure. Le livre décrit l’hégémonie de l’événement où s’engluent les personnages, ses dimensions élargies aux sensibilités fragiles des adolescents, ce qui court et se dissimule sous le masque de l’horreur qui s’abat sur le quartier de l’école. À noter l’aspect très bien documenté des pages « techniques » qui, par leur sobriété, gagnent peu à peu en intensité aux dépens de la fiction.
Précision sur la forme adoptée ou le genre: 
Roman.
Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 
Roman, deux types de narration: fiction et journalisme.