«Les Américains inversent le mois et le jour. Pour désigner le 11 septembre (et les attentats qui se sont produits à New York ce jour-là en 2001), ils disent 9/11, c’est-à-dire Nine Eleven. Ce livre raconte le 11 septembre d’un groupe de copains, élèves de terminale au lycée Peter Stuyvesant, à côté des tours. Au début, on croit à un petit accident. Il n’est pas question d’interrompre le contrôle de maths. Et puis c’est l’évacuation du lycée et la fuite à pied dans le brouillard. Parallèlement, le livre décrit l’embrasement et l’effondrement des tours. Des explications détaillées et illustrées permettent de comprendre ce qui s’est passé. J’ai écrit pour le catalogue de L’École des Loisirs un petit texte consacré à la genèse du livre. J’ai d’abord effectué un reportage pour Marie Claire. Deux des personnes que j’ai rencontrées pour le reportage sont devenues des personnages dans le livre.»
(à consulter sur le site de l’auteur : http://mapage.noos.fr/jjgreif/biblio.html)
Texte de l’auteur consacré à la genèse du livre : Nine Eleven, le making of*. *Neuf onze, le faisage de:
«Mes lecteurs fidèles se souviennent certainement que la mère de Kama a rencontré un «nouvel homme» après la mort de son mari (Kama, p. 284). Ce nouvel homme avait une sœur à Londres, dont le mari avait une nièce à New York. Un été, cette nièce de New York (Georgette), son mari (Max) et ses deux enfants (Noah et Alexa) sont venus passer leurs vacances en Europe. Ils en ont profité pour dire un petit bonjour au beau-frère de l’oncle de Georgette (c’est le «nouvel homme», suivez un peu) et à la mère de Kama, qui séjournaient en Suisse. Alors moi, je passais mes vacances dans le même village de montagne que la mère de Kama, qui me racontait ses aventures pendant la guerre et c’est à partir de son récit que j’ai écrit Kama. C’est ainsi que j’ai rencontré Georgette, Max, Noah et Alexa. Je tenais la petite main d’Alexa et je lui racontais des histoires pour l’aider à marcher dans la montagne, j’aime beaucoup raconter des histoires aux petites filles. Ce que j’aime beaucoup, aussi, c’est aller à New York. Mes lecteurs fidèles le savent, puisqu’ils ont lu Le roi de l’autostop. Marcher en montagne avec quelqu’un, ça crée des liens. Maintenant, quand je vais à New York, je passe volontiers une soirée avec la famille de Georgette. En 2002, j’avais des vacances à prendre – en tant que journaliste à Marie Claire – avant le 31 mai, sinon je les perdais. Je suis parti à New York. Je n’ai pas oublié d’aller voir la dernière nouveauté touristique : le chantier de démolition du World Trade Center (et aussi le nouveau musée spécialisé dans Klimt, Schiele, etc., Die neue Galerie). Un truc stupéfiant : dans le métro, dans la rue, on entendait constamment les mots «nine eleven», qui désignent la date du 11 septembre dite à l’américaine. Huit mois après les attentats, les gens ne parlaient encore que de ça. J’ai dîné chez Georgette and co. De quoi avons-nous parlé ? De ça. Noah m’a raconté sa journée à Stuyvesant High School, un lycée qui se trouve à 700 mètres de tours. Pendant le cours de biologie, un élève dans la fond de la classe dit : «Eh, les mecs, vous devriez regarder, il y a de la fumée qui sort d’une des tours.” Andrew, le meilleur copain de Noah, a contrôle de maths. Un élève arrive en retard : “Mdame, un avion s’est écrasé sur le World Trade Center !» Un contrôle de maths, c’est sacré. La prof lui dit de s’asseoir et de résoudre les problèmes comme tout le monde. Georgette est journaliste au Wall Street Journal, dont l’immeuble se trouve au pied des tours. Quand elle sort du métro, elle croit voir un tournage de film-catastrophe : des policiers et des pompiers partout, des gens qui s’enfuient en courant, des débris, de la fumée. Elle rentre chez elle à pied, en maudissant ses chaussures neuves. De retour en France, j’ai proposé à Marie Claire de recueillir quelques récits de New Yorkais sur le 11 septembre. J’ai réalisé une interview de Noah par téléphone, pour voir. Ayant réussi à convaincre ma cheffe et aussi la grande cheffe, je suis reparti à New York en juillet. J’avais demandé à tous mes amis s’ils connaissaient des gens ayant quelque chose à raconter. Par exemple, Susie Morgenstern (I love you, Susie !) m’a donné l’adresse de Dana, institutrice dans l’école primaire 234, à 600 mètres des tours. L’article paru dans Marie Claire en septembre 2002 juxtaposait quatre témoignages : ceux de Noah et d’Alfreda (mère de son copain Andrew), et deux autres. On peut trouver cet article sur mon site, www.jjgreif.com (de même, l’article qui a servi de point de départ à mon roman Mes enfants, c’est la guerre). Ainsi, les personnes qui voudront étudier mon livre en classe pourront comparer le travail journalistique et le travail romanesque. Au cours de mon deuxième séjour à New York, j’ai rencontré divers camarades de classe de Noah, Dana l’institutrice, un collègue de Georgette au Wall Street Journal, une élève de l’école primaire 234. Nine Eleven raconte leur journée du 11 septembre. Par ailleurs, j’ai acheté à New York 25 kg de livres consacrés aux attentats (au moins). J’ai photocopié des articles conservés par le service de documentation de Marie Claire, j’ai trouvé des centaines de pages sur Internet, afin de raconter aussi dans mon livre ce qui s’est passé à l’intérieur des tours et comment elles se sont écroulées. Afin de vérifier que je n’ai pas introduit des trucs impossibles dans les dialogues et les scènes que j’ai pu inventer, je suis allé une dernière fois à New York en janvier 2003. Les lycéens sont devenus des étudiants éparpillés aux quatre coins des États-Unis, mais ils reviennent chez leurs parents pour Noël et le nouvel an. Ils ont corrigé mes erreurs. J’ai gardé quand même quelques trucs impossibles, parce que j’en avais envie. Privilège d’auteur !»
À consulter également le reportage pour le magazine Marie-Claire sur la même page du site.