18 juillet 2008

Allah superstar

Par Jean-François L...
Présentation de l'œuvre
Ressource bibliographique: 

L'une des répercussions des attentats du 11 septembre 2001 fut la montée en Occident du racisme envers les musulmans. Déjà sources de bien des tensions, les relations entre le monde arabe et le monde occidental se sont compliquées encore davantage. Pour un pays comme la France, qui possède un lourd passé colonialiste au Maghreb musulman, les attentats terroristes ont trouvé un écho dans la montée de la violence sur son territoire. Le terrorisme musulman n'est pas affaire nouvelle en France, où la guerre d'Algérie (1954-1962) a créé de nombreux ressentiments. Les jeunes immigrants maghrébins ne demandant qu'à s'intégrer font alors face à un nœud gordien : le racisme crée une barrière infranchissable empêchant toute intégration et favorisant la violence qui à son tour alimente le racisme. C'est dans ce contexte que se place le narrateur du roman Allah superstar, Kamel Hassani, un jeune de 19 ans d'origine algérienne habitant la France depuis sa naissance. L'ambition de Kamel est de devenir un comique à succès, de réussir dans le show-business et de cesser d'être un «anonyme jeune d'origine difficile» n'ayant aucun espoir de s'intégrer à la société française. Pour ce faire, il doit se battre sur deux fronts : avec la bourgeoisie française réfractaire au jeune beur qui cherche à réussir et avec sa propre communauté qui ne supporte pas de voir l'un des leurs se soumettre de son propre gré à l'assimilation. Le roman prend la forme d'un one man show autobiographique dans lequel le narrateur raconte, dans un style tout droit sorti de la cité (la banlieue ethnique française), les tribulations qui ont précédé son succès. Son périple est un prétexte pour traiter, avec un humour corrosif, des problèmes de société qu'affronte actuellement la France à l'ère de l'après-11 septembre. Tout y passe : les célébrités françaises, les États-Unis, les terroristes, l'islam, Paris et la banlieue, etc. Le roman se termine d'ailleurs sur une liste des sujets et personnalités abordés qui fait huit pages. En tant que jeune adulte cherchant à se débarrasser de ses racines (il ne s'intéresse qu'aux branches), Kamel se fait donc un plaisir de critiquer également sa propre culture. Sa position à mi-chemin entre deux cultures lui permet de jeter un regard sans parti pris sur les causes d'un événement tel que le 11 septembre 2001. Le roman se termine pourtant sur un revirement de situation étonnant lorsque le lecteur, maintenu dans l'incertitude quant à la source du récit, comprend qu'il assiste véritablement au spectacle d'ouverture de Kamel «Léon» Hassani à l'Olympia de Paris, le 11 septembre 2003, en présence du gratin parisien. Les deux tracés narratifs (le one man show et le récit autobiographique) se rejoignent en un point final lorsque Kamel mène à terme son propre attentat-suicide en se faisant exploser sur scène, détruisant la prestigieuse salle de spectacle, tuant cinquante célébrités et en blessant deux cents autres.

Précision sur la forme adoptée ou le genre: 

Roman.

Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 

Narration intradiégétique (monologue autobiographique).