29 août 2007

World Trade Angels

Par Patrick Tillard
Présentation de l'œuvre
Ressource bibliographique: 
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Stanley Middle a tout vu, il a vu l’énorme nuage de poussière qui a suivi l’effondrement des tours. Il ne peut rien oublier et les neuroleptiques n’ont plus prise sur lui. Il dérive dans sa tête et dans sa vie, semblant amortir un choc répété chaque jour, à chaque heure. Comment continuer à vivre ? Son père lui rappelle que son métier peut contribuer à l’occuper sainement, parle le langage de la raison, du sursaut avant l’écroulement, puis une femme rencontrée dans une fête, Sarah, survient, prétexte à évoquer l’autre, l’écrivaine aimée qui est partie, qui l’a quitté. Alternant réalité sur réalité, passage entre monde réel et monde rêvé, Stanley fait fausse route, se rapproche, s’éloigne, devant les souvenirs inévitables, devant la réalité d’un passé impossible à travestir. La douleur est omniprésente, elle fragmente la réalité et les souvenirs s’effritent, se réduisent en électrons libres qui ravivent les paramètres des souvenirs et nient la réalité. Stanley devient un sujet menacé par lui-même sous le poids d’un passé qui se met en mouvement dans la tension effrénée d’un comportement pathologique. Survivant d’une catastrophe intégrale, Stanley cherche partout autour de lui les présences anéanties, pour les retrouver à nouveau comme elles étaient avant, pour toujours identiques, revitalisées et vivantes. Dans le mouvement incontrôlable de la douleur, où se jouent dissolution identitaire, effroi et anxiété de celui qui se retranche dans l’abstrait, dans la remémoration comme issue possible de la souffrance, Stanley s’éloigne toujours davantage de la réalité et les « anges » perdus multiplient leur substance. Son ancienne compagne Marion s’installe maintenant au centre du récit : un éditeur avait accepté son manuscrit, elle devait signer son contrat le 11 septembre 2001 dans une tour du World Trade Center. Elle était enceinte et son ordinateur venait de rendre l’âme. Elle s'est rendue au World Trade Center avec son manuscrit, accompagnée par le père de Stanley. Stanley perd alors toute trace de Marion et de son père et ses souvenirs et son imagination de Stanley ravivent la fin de Marion dans la tour percutée par l’avion. Coincé dans le labyrinthe des souvenirs qui le déportent vers ceux qu’il a perdus, Stanley, de dérivation en dérivation, perd son travail, perd son appartement, puis se clochardise. Le traumatisme est impossible à dépasser. Il lui faut devenir ange lui-même afin de rejoindre le passé et ceux qui l’habiteront toujours. Devant le pont de Brooklyn, les abscisses se mêlent, s’enchevêtrent jusqu’à tracer une ligne d’horizon. C’est sur cette ligne que Stanley Middle pose ses pas, court, côtoie l’abîme.
Précision sur la forme adoptée ou le genre: 
Bande dessinée.
Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 
Monologue intérieur, narrateur unique, délire personnel de la vie intérieure confrontée à la réalité. Un Moi perdu et fragmenté, une alinéation, un réel devenu étranger.