Cette œuvre participe plus à déconstruire le mythe du 11 septembre qu’à le construire. Elle travaille sur l’image rendue de cet événement et la recontextualise parmi d’autres événements médiatiques violents. Pour autant, il semble que Violencia traite moins de ces événements que de leur médiatisation, c’est-à-dire de leur visibilité à l’échelle internationale.
L’œuvre travaille la figure du caché: ce qui se trouve caché derrière la médiatisation extrême d’événements comme le 11 septembre. La théorie d’une image « cache » vient notamment des écrits sur la télévision de Serge Daney (voir Le Salaire du zappeur par exemple). Dans Violencia, c’est le rythme même de l’œuvre qui permet d’enclencher cette proposition de réflexion. Il me semble que, de ce point de vue, le rythme prend une importance capitale, il représente, en quelque sorte non seulement la visibilité des événements mais aussi, et surtout, notre possibilité de les voir. Un événement est visible dans la mesure où l’on peut le capter, il ne s’agit pas seulement de son passage sur les ondes télévisuelles, ou web, mais plutôt de la possibilité donnée au spectateur de le comprendre (le faire sien). Cette compréhension passe, entre autre, par le temps d’exposition de l’événement qui détermine notre capacité à le voir et à l’intégrer à notre quotidien, ou tout du moins nos pensées pour un temps. Qui n’a pas pensé, ne serait-ce quelques minutes, à propos du 11 septembre ? Par leur présence médiatique, les images de cet événement nous ont habité et nous habitent toujours.
Violencia s’arrête donc sur les tours du World Trade center, sous la foudre et sous le coup des attentats, avec une image vidéo qui semble tournée au ralenti. À la suite de ces fragments défilent à une vitesse qui rend les images invisibles, comme indiqué plus haut, d’autres fragments portant sur d’autres événements qui restent mystérieux. Ces fragments, et donc ces événements, n’ont pas le temps d’entrer dans notre champ de vision, nous n’avons pas pas le temps de les comprendre, de les faire notre. Comme si le temps accordé à la représentation de la violence avait était entièrement pris par la médiatisation du 11 septembre. La violence du 11 septembre c’est aussi les autres événements que cet événement sur-médiatisé a empêché de rendre visibles.