31 juillet 2008

The Book of Ten Nights and a Night

Par Jean-François L...
Présentation de l'œuvre
Ressource bibliographique: 
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John Barth est considéré par plusieurs comme un maître, sinon un fondateur, du mouvement post-moderne en littérature américaine. Le recueil de nouvelles The Book of Ten Nights and a Night, constitué de textes déjà publiés, est le plus récent produit de sa prolifique carrière. Comme c'est généralement le cas de l'œuvre post-moderne, il est difficile de faire le résumé de ce recueil sans également traiter de sa structure, la forme et le contenu s'entremêlant jusqu'à se confondre. The Book of Ten Nights and a Night est donc une collection de courtes histoires, l'intention du narrateur étant de composer un « Hendécaméron » contemporain des événements du 11 septembre 2001, à l'image du Décaméron de Boccace, qui avait pour toile de fond l'épidémie de peste noire à Florence (1340-1350). Ainsi, Barth ne se limite pas à colliger onze textes: il leur compose un récit cadre mettant en scène, à la manière homérique, l'imagination narrative de l'auteur sous la forme d'un « Present Teller » dénommé Graybard, et sa « Parnassian Muse » appelée Wysiwyg, un nom tiré de l'acronyme informatique signifiant « What you see is what you get ». Le poète et sa muse vont se réunir pour onze nuits dans un accouplement métaphorique et littéral, et raconter non pas onze, mais dix nouvelles, la première, un poème graphique intitulé Help! A sterephonic narrative for authorial voice, se faisant contester son statut d'histoire à part entière. Sans tenir compte du cadre narratif, on compte donc bien dix histoires (et demie, en considérant le poème graphique), aucune n'ayant de lien avec (ni même les évoquant, la plupart ayant été écrites avant) les événements du 11 septembre.

C'est dans le récit cadre qu'il faut chercher la présence des attentats terroristes. En effet, à l'image des Mille et Une Nuits, le texte multiplie et télescope les niveaux narratifs. Dans l'ultime récit cadre, celui où « the Original Author » (OA) interagit directement avec son narrateur, les événements de la réalité pénètrent jusque dans la fiction. Graybard raconte alors comment l'OA a réagi aux attentats, et comment se sont passés les jours qui ont suivi. Le lecteur apprend ensuite le projet de Graybard de raconter onze histoires ayant pour thèmes l'automne et la détresse, sans qu'aucune d'elles ne soit concernée, de près ou de loin, avec le 11 septembre. Le silence narratif quant à ces événements ne fait que mettre en relief les passages de la métanarration où il en est question : fidèle à l'optique du post-modernisme, c'est donc lorsque l'œuvre parle le moins du 11 septembre 2001 qu'elle en parle le plus.

Le lecteur trouvera donc dans le présent recueil, hormis le récit cadre relatant les dialogues d'un barde et de sa muse, des nouvelles portant sur l'innocente culpabilité maritale dans « The Rest of Your Life », la narration avortée d'un Dramatic Vehicle sans son Ground Situation dans « The Ring », la tragique entrée dans l'âge d'or d'un couple choyé et sans histoire dans « The Extension », et plusieurs autres contes portant sur la fiction, l'imagination, les chiffres, la vieillesse, mais surtout pas sur le 11 septembre 2001.

Précision sur la forme adoptée ou le genre: 

Recueil de nouvelles

Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 

Narration télescopée : les divers narrateurs sont tour à tour extra et intradiégétique, hétéro ou homodiégétique. La temporalité du récit cadre, généralement linéaire, est parfois ponctuée de subtils retours en arrière, le plus souvent des analepses homodiégétiques complétives. Les diverses nouvelles maintiennent aussi une certaine linéarité interne tout en jouant sur la temporalité. Intertexte explicite avec l'Iliade, Les Milles et une nuits, Le Décaméron et La Divine comédie.