27 août 2007

Serial eater

Par Patrick Tillard
Présentation de l'œuvre
Ressource bibliographique: 
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Le 11 septembre 2001, un homme dans un état fébrile et violent vient consulter un psychiatre. Le 14 septembre, Béatrice Belle d’Armentières, juge d’instruction, doit enquêter sur une série de crimes. Des femmes ont été assassinées à Paris et un ou plusieurs membres de leurs corps découverts dans des églises dans une mise en scène aussi blasphématoire que curieusement signifiante. La juge d’instruction fait appel à un « profileur » pour retracer le tueur. Celui-ci fascine la juge qui finit par succomber à son charme et à son mystère... Le profileur, typiquement professionnel, cherche partout et continuellement et à sa manière le criminel en utilisant les ressources de la kabbale et des grands textes bibliques (le Zohar, le Sepher Yetsira, la Bible et le Talmud). Machine à penser, personnage fragile et curieux, il témoigne d’une certaine sérénité dans sa vie érotique comme dans son enquête qui pourrait le rendre sympathique si l’écriture était plus travaillée. Le récit alterne les narrations de la juge, du psychiatre et du tueur. Des extraits des médias sur les attentats à New York, les réactions des États-Unis, la guerre en Afghanistan et la fuite de Ben Laden rythment le récit à l’aide de courts extraits de communiqués. Au fil du récit, l’importance prise par les émois érotiques de la juge et les commentaires ésotériques du profileur esquivent toute véritable intégration crédible du 11 septembre dans le récit, qui se présente plutôt comme une mosaïque rigide de faits sans réelle passerelle entre eux. Une telle intégration eût impliqué une rupture d’équilibre entre ces deux aspects qui fascinent l’auteur et l’élimination des longues digressions qui passent en revue une bonne partie de l’histoire complexe de l’ésotérisme (des Templiers aux interprétations kabbalistes jusqu’aux sorcières du Moyen Âge). L’épilogue du récit est inattendu et artificiel compte tenu des circonstances et du véritable impact du 11 septembre. L’auteur imagine qu’un ancien SS, père adoptif du tueur, était dans le premier avion qui a percuté les tours de Manhattan. Pour se venger des juifs, il lui fallait comprendre les juifs de l’intérieur, d’où l’étude de la kabbale et de la Bible (qui renvoie en parallèle à la ligne narratrice des connaissances mystiques du profileur) afin de trouver les noms « susceptibles de déclencher les forces titanesques dont le monde était gros (p.242) ». Il faut noter que l’auteur enfile les clichés les plus désespérants lors des scènes « torrides » ou supposées telles. Il est difficile de vérifier les affirmations mystiques et les références ésotériques du profileur, mais cela reste à effectuer, bien qu’il s’agisse là d’une expérience qui pourrait être fatigante. À plusieurs reprises, le livre semble aussi mal écrit qu’il est mal construit.

Précision sur la forme adoptée ou le genre: 
Roman policier.
Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 
Roman polyphonique avec monologues intérieurs et narrateurs multiples.