Les événements sont présentés de façon explicite, bien que brève, et Robert Morin cherche par son approche à les relativiser (voir 5 a et 5 b).
Lors d'une scène d'embouteillage, un commentateur radio blague au sujet du premier attentat : «Tchèquez ça...; parlant d'arriver au travail... Ça vient de nous arriver sur un, sur un fil de fer, là. Imaginez. À New York, à matin, ok? Y a un boss qui était tellement pressé d'arriver à son bureau du World Trade Center, qu'ya décidé de rentrer drette dedans avec son jet privé!» (cf. vers 18'30). La nouvelle se perd ensuite dans un flot de faits divers locaux ou est interrompue par de la musique.
À quelques reprises, le décor comprend des téléviseurs diffusant des images des tours en flammes. Elles sont généralement regardées de manière distraite (comme le fait ce client d'un restaurant chinois sur sa télé portative pendant qu'il mange) ou ignorées par les personnages. Il n'y a pas de son audible.
L'attitude face aux événements confine à l'indifférence; on sent que les protagonistes traitent cette information comme s'il s'agissait d'une nouvelle parmi d'autres : un bruit de réveil-matin que l'on éteint aussitôt, un sujet de conversation idiote dans un salon de coiffure, un détail visuel que l'on ne regarde pas, ou distraitement.
Moyens de transport représentés:L'action du film se déroulant en banlieue, la voiture y joue un rôle prédominant. Employée au départ comme attribut typique de la banlieue au même titre que les sacs de golf, les serres à outil et les grils à barbecue, elle est aussi employée comme un instrument de filature, puis de poursuite ; c'est aussi en jetant sa voiture dans une piscine creusée qu'un des personnages se donnera la mort.
La voiture n'est donc pas toujours exclusivement employée comme moyen de transport : dans l'une des scènes du film (autour de la 35e minute), l'enquêteur Maurice fait essayer une voiture sport à son partenaire déprimé afin de lui remonter le moral (la voiture comme moyen de consolation, donc.)
Par ailleurs, la camionnette du paysagiste sort du lot de berlines, de coupés et de véhicules SUV anonymes qui occupent le décor; avec son intérieur aménagé comme un bazar, il s'agit du seul véhicule dont on puisse dire qu'il est une extension de la personnalité de son propriétaire.
Médias et moyens de communication représentés:Les moyens de communication sont mis en scène. Il a déjà été question de la télévision et de la radio (cf. 2a et 2b), mais c'est le téléphone cellulaire qui se révèle l'accessoire le plus important du film, à un point tel que les échanges téléphoniques sont représentés par une «gimmick» de mise en scène qui consiste à mettre en mortaise le visage de la personne qui est à l'autre bout du fil, de sorte que l'image flotte autour de l'interlocuteur comme une boule de noël kitsch.
De façon générale, l'emploi du téléphone cellulaire connote l'isolement et le manque de réelle communication entre les personnages. Les conversations se limitent à des échanges anecdotiques et banals, le téléphone peut sonner à tout moment et, ainsi, couper court à des scènes autrement plus intenses au niveau dramatique. Quant à l’ancienne sexologue qui fait des appels érotiques, elle ne cesse de se faire raccrocher au nez, tant par ses clients que par les inconnus — les prédateurs sexuels de la liste — à qui elle confie son désarroi, dans l'espoir de nouer contact avec eux. De manière générale, le téléphone cellulaire s'avère ici un outil qui réduit la communication humaine à une certaine trivialité.
Ajoutons que la voiture banalisée du Sergent Ménard est équipée d’un récepteur radio à circuit fermé. Les bribes de conversation transmises par ce récepteur évoquent la tiédeur avec laquelle est accueillie la nouvelle des attentats : un agent se plaint de la fermeture des aéroports, un autre annonce que certaines tours à bureaux du secteur fermeront leurs portes pour la journée.