La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée ?:
Le 11 septembre agit ici comme un arrière-plan important au récit sans toutefois en constituer la trame principale. Le deuil vécu par l'un des protagonistes dont la femme est morte lors des attentats du 11 septembre est un facteur décisif qui permet notamment à l’auteure de justifier les troubles psychologiques de ce personnage et de brosser un tableau contradictoire et nuancé de l’opposition France/États-Unis.
Les événements sont-ils présentés de façon explicite?:
Les événements sont présentés de manière explicite. William Barber, qui a perdu sa femme dans la chute des tours du World Trade Center, considère que le gouvernement républicain de Bush est responsable de la disparition de sa femme. Il est un opposant déclaré à l’extrémisme politique, religieux, de ce gouvernement dont il a honte. Le corps de sa femme s’étant volatilisé dans les millions de tonnes de béton des tours, l’incrédulité et l’aspect surréaliste de la situation et l’impact de cette disparition quasi impossible à imaginer tournent chez cet historien à l’obsession. Le roman, qui débutait pourtant avec une forme traditionnelle, se trouve profondément modifié dans sa forme même par la construction introspective du récit qui fouille l'intériorité du personnage et de son obsession au coeur même des lignes narratrices du roman, en sondant la matérialité de son vécu, en ouvrant la porte de son interprétation aux fantasmes et à la réalité soudain moins certaine et en déportant le récit vers une déconstruction ouverte de la forme.
Moyens de transport: Aucun des moyens de transport représentés n'a de rapport avec le 11 septembre.
Les médias ou les moyens de communication: Rien de significatif.
Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?:
William Barber, historien américain, a perdu sa femme dans les événements du 11 septembre. Son obsession de la dissémination du corps de sa femme est au centre du récit.
Le point de vue sur le 11 septembre est presque uniquement celui de William Barber, américain. Démocrate, il est littéralement obsédé par l’ordre moral imposé par Bush et son équipe et n’a pas de mots assez durs pour faire comprendre à ses deux amis l’état de déliquescence de la démocratie aux Etats-Unis. Les pères fondateurs de la démocratie américaine et le débat entre créationnistes et évolutionnistes sont notamment mentionnés.
Sa femme ayant disparu dans les attentats, William Barber suit l’évolution du conflit en Irak avec un intérêt obsédant, intérêt qui le fera retourner vivre aux États-Unis afin d’assister à la commission d’enquête sur les attentats et de lutter démocratiquement contre Bush et son équipe. Le roman se déroulant pendant son année sabbatique, les événements marquants de cette période tels les photos de tortures de Abu Garib ou l’attentat qui détruisit la permanence de l’ONU à Bagdad rythment le récit des relations des trois amis. Les sentiments de William Barber — désarroi, incompréhension devant la désintégration de sa femme — oscillent entre la colère et l’incompréhension. La description de l’effondrement des tours et le traumatisme vécu ce jour-là par les New-Yorkais sont littérairement bien documentés et assez réussis.