28 novembre 2007

Fahrenhype 9/11

Par Jean-Philippe Gravel
Présentation de l'œuvre
Ressource bibliographique: 
Fahrenhype 9:11.png

Paru le 5 octobre 2004, FahrenHYPE 9/11 vise à déconstruire l'argumentaire négatif du film de Moore au sujet des politiques étrangères et de sécurité interne instaurées par le gouvernement Bush à la suite des attentats du 11 septembre. En ce sens, le film appartient à une mouvance de contre-offensive qui tient à débattre du bien-fondé des discours et des œuvres qui contestent notoirement les politiques républicaines.

Bush consacre-t-il une aussi importante part de son mandat à ses occupations personnelles que Moore le prétend? La soi-disant apathie du président le matin des attentats lors de sa visite à une école primaire est-elle un signe d’ineptie ou de tact? Les États-Unis auraient-ils gagné à ce que le «patriot act» entre en vigueur bien avant les attentats? La guerre en Afghanistan est-elle vraiment une «guerre du pétrole»? Peut-on vraiment prétendre qu’il ne plane aucune «menace terroriste» sérieuse aux États-Unis? Voilà quelques unes des questions litigieuses que soulève ce documentaire partisan (entendons: pro-républicain) qui se révèle malgré tout assez bien documenté pour égratigner sa cible première en exposant quelque peu le genre de libertés (citations hors-contexte, commentaires démagogiques, montage approximatif et fabrications pures et simples) que Moore s’accorde effectivement dans son traitement des faits.

Cela n’empêche pas FahrenHYPE 9/11 d’être ultimement lui aussi un documentaire de propagande qui n’hésite pas à employer les mêmes procédés que ceux qu’il dénonce chez son adversaire, à même le monolithisme idéologique et la saveur patriotique des interventions qu’il recueille. Ces interventions défendent toutes unanimement la guerre contre le terrorisme, la nécessité du «patriot act» et la présence américaine en Afganistan, tout en déportant les impairs du gouvernement américain en matière de sécurité interne sur la négligence du gouvernement Clinton, suggérant de surcroît que toute critique du gouvernement en place serait forcément «anti-américaine». En ce sens, le commentaire en clôture du film donne la note : « Si vous perdez la foi dans les États-Unis, vous minez les fondements mêmes de la seule force vraiment consistante [à œuvrer] pour [la cause du] bien dans le monde. » (Dick Morris)

Précision sur la forme adoptée ou le genre: 

Long-métrage documentaire, tourné et distribué directement en DVD.

Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 

Le documentaire repose essentiellement sur des entrevues montées à la suite les unes des autres pour constituer une narration polyphonique à narrateurs multiples. Cela dit, la relative homogénéité des opinions politiques exprimées laisse à penser que ce ressassement d’opinions a valeur de démonstration. L'interviewer est pratiquement absent au montage.

Les intervenants sont tantôt des figures médiatiques connues (la chroniqueuse radiophonique de droite Ann Coulter, l'acteur Ron Silver), des personnalités politiques (l'ancien conseiller de Bill Clinton, Dick Morris; l'ex-secrétaire à la défense de Ronald Reagan, Frank Gaffney ; Ed Koch, ex-maire de New-York, ainsi que quelques sénateurs), des chercheurs et auteurs (David Koppel, Jason Clarke), quelques individus qui ont figuré dans le film de Moore et qui prétendent avoir été manipulés, ainsi que des badauds interviewés sur le mode du «vox-populi».

Le film présente et recontextualise certains documents d'archives utilisés par le film de Moore (Bush au Al Smith Dinner, faisant une levée de fonds pour les hôpitaux d'enfants ; Bush à l'Emma E. Booker Elementary School, etc.). Il a aussi recours à quelques animations numériques, et présente des films amateurs tournés par des soldats ou des familles de soldats. Le film est chapitré par des intertitres. Aucun extrait du film de Moore n'est présent dans le film, pour des raisons qu’on devine évidentes.