2 juillet 2009

Constat d'accident et autres textes

Par Jean-François L...
Présentation de l'œuvre
Ressource bibliographique: 

Cette œuvre de Paul Auster, parue chez Actes Sud en 2003 dans sa traduction française , n'est pas un recueil de nouvelles, mais bien une collection de quinze textes d'époque et de genres variés. Le lien de cohérence unissant ces textes n'est pas évident à la première lecture. La nouvelle éponyme du recueil traite de l'un des thèmes chers à Auster : l'influence des coïncidences sur le cours de notre vie. Comme toujours dans la fiction d'Auster, la ville de New York est omniprésente, presque un personnage à part entière. Elle est d'ailleurs le sujet du premier texte du recueil, « Réponse à une question du New York Magazine ». Ailleurs, sa vision de la métropole est toujours positive et optimiste, comme dans le bref essai « Gotham Handbook » où il donne quatre conseils à son amie S. C. (l'artiste Sophie Calle) pour embellir sa vie à New York (sourire, parler à des inconnus, donner aux mendiants et aux sans-abris, adopter un lieu), ou dans « Réflexions sur une caisse en carton » où il déplore la gestion musclée de l'administration Giuliani (qu'il ne nomme pas) concernant la question des sans-abris. Trois des quatre derniers textes du recueil portent, en tout ou en partie, sur les événements du 11 septembre 2001. Le premier, intitulé « Notes dans le désordre : 11 septembre 2001, 16 heures », a paru dans les journaux Die Zeit et Le Figaro moins d'une semaine après les attentats. Ce même texte fait également partie, dans sa version originale anglaise intitulée « Random Notes—September 11, 2001,4:00 P.M.; Underground », du recueil 110 Stories édité par Ulrich Baer. Le texte, collection de réflexions « à chaud » sans lien entre elles autre que l'état de choc dans lequel a été plongée la métropole, témoigne de la lucidité du regard de l'écrivain devant un événement échappant à la rationalité du discours. Dans « L'Art de l'inquiétude », il fait l'éloge de la carrière de son ami Art Spiegelman, bédéiste et illustrateur pour l'hebdomadaire New Yorker. Il s'attarde plus particulièrement à l'appréciation de la célèbre couverture de Spiegelman pour le numéro du 24 septembre du magazine, où les tours se devinent en « noir sur noir ». Auster confie au lecteur : « La première fois que j'ai vu cette image, j'ai eu l'impression que Spiegelman avait placé un stéthoscope sur ma poitrine et enregistré avec méthode chacun des battements de coeur qui avaient ébranlé mon corps depuis le 11 septembre. Alors mes yeux se sont remplis de larmes. » (p. 96) Il est intéressant de noter que Spiegelman a également dessiné la couverture du recueil 110 Stories. Le troisième texte abordant les attentats terroristes, « NYC = USA », est tout à la fois un témoignage des citoyens new-yorkais et un plaidoyer pour la tolérance. Auster y fait un bref rappel de l'histoire de la métropole, en arguant qu'encore aujourd'hui, une grande proportion de ses habitants n'y sont pas nés, faisant toujours d'elle une ville d'immigrants. Si son histoire n'est pas exempte de tensions et de conflits civils, elle est parvenue à surmonter ces difficultés et à établir une harmonie exemplaire. En ce sens, elle est, toujours selon Auster, l'incarnation des idéaux de démocratie sur lesquels se sont bâtis les États-Unis, le véritable cœur de l'Amérique. Et plutôt que d'aller mener sa revanche sanglante à l'étranger, il conseille à Georges W. Bush de déménager à New York afin de vraiment sentir le pouls de la nation et de prendre conseil d'une ville qui, au moment où lui ne songe qu'à la guerre, se demande qu'elles ont été les actions qui ont engendré une telle haine.

Précision sur la forme adoptée ou le genre: 

Recueil de textes.

Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 

L'œuvre est un amalgame de textes de genres et de styles différents. Certains sont des fictions à caractère autobiographique, d'autres des articles de journaux, des textes d'opinion, des essais, etc.