16 mars 2008

Chicago

Par Daniel Grenier
Présentation de l'œuvre
Ressource bibliographique: 
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Chicago, second roman traduit en français d'Alaa el Aswany, raconte l'histoire de plusieurs personnages au cours d'une année dans la "ville des vents", quelques temps après les attentats du 11 septembre. À travers le regard d'une quinzaine de personnages, tous liés de près ou de loin à la faculté de médecine de l'Université de l'Illinois, l'auteur recrée une microsociété dans laquelle il fait entrer en contact les différents points de vue et les différentes visions du monde. Chicago est avant tout un roman d'opinions en confrontations, où les pensées personnelles sont mises à rude épreuve lors des interactions humaines. Les dialogues sont fréquents, mais le dialogue entre les cultures est difficile, bloqué par les préjugés et la mauvaise foi. L'Amérique est ici présentée à la fois comme une terre d'accueil et un obstacle à surmonter. Chaque tranche de vie est racontée en alternance, ce qui forme un kaléidoscope d'idées, de passions et de déchirements. Deux communautés se font face et tentent de s'apprivoiser: les Égyptiens, pour la plupart étudiants boursiers, et les Américains qui sont leurs guides, leurs professeurs ou leurs concurrents. El Aswany, en se concentrant ainsi chapitre après chapitre sur l'évolution de ses multiples personnages, chacun pris dans son propre destin, tisse lentement une tapisserie imbriquée et complexe de sentiments et d'incompréhension mutuelle qui, par la force des choses, prend des allures d'étude sociologique. L'ensemble de ces destins personnels, qu'ils soient tragiques ou pathétiques, finit par donner le sentiment d'un tout qui questionne les assises de la vie occidentale.

Précision sur la forme adoptée ou le genre: 

Roman.

Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 

Roman polyphonique à narrateur omniscient. Une narration au "je" est intercalée tout au long du texte sous forme de journal. Le style est proche de la fable par endroits, ce qui nuit à la crédibilité de certains dialogues. Les pensées des personnages sont livrées à l'aide d'un outillage narratif très classique, très XIXe siècle, où le jugement moral est facile et prompt. Le lecteur a tôt fait d'identifier les défauts et les qualités de chacun, leurs angoisses et leurs motivations, grâce aux révélations d'un narrateur généreux en détails et autoritaire. L'ensemble donne une impression de figé. On pourrait soupçonner la traduction d'être incapable de rendre une langue orale vivante.