"Graham retira de la bouche sa pipe éteinte et s'emporta:
-Messieurs, vos propos sont dignes d'indicateurs de la police, pas de professeurs d'université.
Il y eut un murmure de réprobation, mais Graham continua d'une voix forte:
-La décision juste s'impose d'elle-même. Quiconque franchit les épreuves que lui impose le réglement intérieur du département a le droit d'y être inscrit. Ce qu'il fera ensuite de son diplôme et le pays dont il vient ne nous concernent pas.
-Ce sont des paroles comme celles-là qui ont conduit l'Amérique au 11 septembre, dit George Michael.
Graham lui jeta un regard et rétorqua sarcastiquement:
-Ce qui a conduit l'Amérique au 11 septembre, c'est que la plupart de ceux qui prennent les décisions à la Maison Blanche ont raisonné comme vous. Ils ont soutenu au Moyen-Orient des régimes tyranniques pour augmenter les profits de sociétés pétrolières et de marchands d'armes, ce qui a entraîné une recrudescence de la violence armée qui a fini par nous atteindre chez nous.Pensez que cet étudiant va laisser sa famille et partir au bout du monde pour acquérir des connaissances. Ne trouvez-vous pas que c'est là une attitude noble qui mérite le respect? N'est-il pas de notre devoir de l'aider? Rappelez-vous, Michael, que vous avez toujours été opposé à l'admission d'étudiants étrangers. Quant à vous, Raafat, vos propos relèvent de la loi contre le racisme.
-Je n'ai pas tenu de propos racistes, camarade Graham, réagit avec vivacité Raafat, en se tournant vers lui.
-Si vous m'appelez camarade en vous moquant, sachez que j'aime cette appellation. Je persiste à dire que vos propos sont racistes. Le racisme, c'est la croyance qu'une différence ethnique entraîne une différence de comportement et de capacité des hommes. Cette définition s'applique à vos propos sur les Égyptiens. Le plus étonnant c'est que vous êtes vous-même égyptien.
-J'ai été un jour égyptien, puis je m'en suis sorti. Quand reconnaîtrez-vous mon passeport américain?" (p. 33-34)
"Il me frappa à nouveau. je sentis un sang visqueux couler lentement de mon nez sur mes lèvres. Il cria d'une voix furieuse:
-Parle, fils de pute. Pourquoi veux-tu détruire notre pays? Nous t'avons ouvert les portes de l'Amérique. Nous t'avons accueilli pour que tu étudies et deviennes un homme respectable, et toi, en échange, tu complotes pour tuer des Américains innocents. Si tu n'avoues pas, je te ferai ce qu'ils font dans ton pays. Nous te fouetterons, nous te torturerons à l'électricité, nous te violerons." (p. 442-443)