27 août 2007

Périphériques

Par Patrick Tillard
Présentation de l'œuvre
Ressource bibliographique: 
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Ce livre est la compilation de quatre nouvelles, de sept articles, d’une entrevue et d’une conférence. Pour qui s’intéresse à l’œuvre et au personnage controversé de Maurice G. Dantec, ce livre est en effet le bienvenu. En quelques pages, il dresse une radiographie du talent littéraire de l’écrivain à travers ses nouvelles, permet de mesurer la démarche idéologique du polémiste et construit le trajet personnel de l’auteur à travers un certain nombre de repères biographiques. Pour ce qui nous intéresse, deux essais seulement traitent du 11 septembre. Le premier, «Let’s roll. Mon Amérique est une femme afghane», écrit à « Montréal, Amérique du Nord », est paru dans Tribune juive (No 19, vol.2) en mars 2002. Le second, «By all means necessary ou de la IVe guerre mondiale comme tragédie et comme nécessité», écrit toujours à Montréal où l’auteur vit, a été publié en septembre 2001 sur le site www.laspirale.org, site qui n’existe toutefois plus (02/2007). Le projet de Dantec de réhabiliter la science-fiction prend corps dans une écriture réellement talentueuse et dans une imagination qui s’appuie et prolonge ce qu’il y a eu de meilleur dans ce genre (Asimov, Dick, Gibson, Van Vogt, Vance). On a plaisir à suivre le déroulement des nouvelles. La lecture de l’entretien laisse une impression plus contrastée. Les essais, quant à eux, semblent plus polémiques qu’argumentés. Les affirmations péremptoires et les raccourcis de pensées au service d’une idéologie douteuse, tentée par les extrêmes et un sentiment violemment anti- musulman, permettent de mieux saisir les fondements critiquables d’une vitalité littéraire touche-à-tout et éparpillée. Les deux essais sur le 11 septembre sont une admonestation au petit homme occidental, particulièrement aux Québécois considérés comme des victimes patentées, des agneaux bêlants et sacrifiés, et une déclaration de guerre aux « hitlero-talibans » qui laisse les néo-conservateurs américains très loin en arrière de Dantec. Ces pamphlets font regretter l’élégance et l’humanité de ce grand pamphlétaire, touche-à-tout de génie que fut Paul-Louis Courier (1772-1825) qui, se définissant comme vigneron, rappelait sa sympathie pour les hommes, et affirmait une humanité vibrante et non une parole haineuse. La pratique polémique de l’écriture de Dantec est parfois efficace, nous l’avons dit il s’agit d’un écrivain talentueux, mais elle finit par lasser car il lui manque l’ironie et la générosité. En ne laissant dans son sillage qu’une argumentation qui pousse à la guerre, une charge contre les « hitlero-talibans » et tout ce qu’il déteste, des Québécois mous aux altermondialistes, c’est à une destruction de la démocratie considérée comme une dictature nuisible que Dantec appelle. Son écriture et ses thèmes ne sont, au final, qu’un lointain rappel de la dimension scripturale d’un Céline nettement plus « génial », capacité à laquelle Dantec doit penser quelquefois, mais surtout une évocation récurrente des pires écrits de Céline comme Bagatelle pour un massacre (1937).
Précision sur la forme adoptée ou le genre: 
Compilation de 4 nouvelles, de 7 articles, d’une entrevue et d’une conférence.
Précision sur les modalités énonciatives de l'œuvre: 
Nouvelles, articles, entrevue et conférence.