Formé de deux narrations parallèles, Windows on the world relie les deux rives de l'Atlantique par un judicieux procédé de mise en abyme.
Ainsi, d'un côté nous avons le récit de Carthew Yorston, agent immobilier texan qui emmène ses deux fils David et Jerry prendre le petit déjeuner au Windows on the World (restaurant situé au 107e étage de la tour nord du World Trade Center) ce fatidique matin du 11 septembre 2001. Lorsqu'à 8h46, le premier Boeing percute la tour, les clients paniquent, se sentant pris au piège par le feu et la fumée qui bloquent toutes les issues. Le compte à rebours tragique débute alors jusqu'à la mort, inéluctable, de tous les protagonistes.
De l'autre côté de l'Atlantique, au restaurant le Ciel de Paris situé au 56e étage de la tour Montparnasse, un écrivain français, Frédéric Beigbeder, écrit ce livre sur les dernières heures des clients du Windows on the World, tout en racontant également sa vie, ses échecs, ses rencontres. Il se livre sans retenue à un véritable examen de conscience déroutant.
Passage des ombres est le récit de la confrontation entre trois êtres ayant chacun perdu une personne chère dans des circonstances culpabilisantes: la femme de William Barber, historien américain, est morte dans les attentats du World Trade Center, l'enfant de Guillaume Barbier (notez la conformité des deux noms) est mort accidentellement et enfin le mari volage d'Élise, amie d’enfance de Guillaume, est mort en Thaïlande. Chassé-croisé ponctué par l’amour de la musique — ils sont tous trois musiciens — le roman évoque les difficultés de chacun à se retrouver soi-même ou face aux autres, dans une évolution douce et lente, ponctuée par la musique et leurs répétitions communes. Le roman se passe dans la Drôme, dans le village de Malemort, principalement dans la maison prêtée par Guillaume à William. Peu à peu, le récit passe insensiblement des termes du roman psychologique à ceux d’une enquête policière liée à l’imagination de William et de Guillaume face à Élise et à leurs passés.